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[verso-hebdo]
25-05-2023
La chronique
de Gérard-Georges Lemaire
Chronique d'un bibliomane mélancolique

Picasso, le sage et le fou, Marie-Laure Bernadac & Paul du Bouchet, « Découvertes », Gallimard, 160 p., 16, 20 euro.

Picasso. 8 femmes, Laurence Madeline, Hazan, 224p., 25 euro.


Pablo Picasso(1881-1973) est l'artiste qui, sans conteste incarne tout le XXe siècle. C'est peut-être une affirmation curieuse car ce grand artiste ne résume pas toute la création -de ce siècle tumultueux, mais il a marqué une longévité qui symbolise la « tradition du moderne » en ayant changé maintes fois sa manière de produire des oeuvres marquant différentes époques. Il faut saluer la faculté des deux auteurs de cette monographie de cette monographie d'avoir su résumer son incroyable parcours avec détail, mais aussi avec la concision qu'exige cette collection. C'est une réussite et cette réédition réédition s'imposait. Des périodes bleues et roses de ses débuts jusqu'aux derniers tableaux où il a mis en scène son grand âge avec le peintre et son modèle dans un style jusque-là inconnu chez lui.
Bien sûr, le cubisme et ses suites et puis la composition de Guernica en 1937 demeure les périodes les plus saillantes de ce voyage dans une oeuvre pléthorique et sujette à des variations constantes (par exemple, la phase surréaliste des années trente avec ses baigneuses n'a pas été mise de côté). En somme, qui entend découvrir Picasso trouve ici l'essentiel et l'indispensable. Bien sûr, tant d'autres choses pourraient être dites sur cet homme exceptionnel qui avait une dimension étonnante : il dévorait presque tout ce qui faisait son apparition au fil des ans dans des domaines très différents et souvent contradictoires. Les documents qui accompagnent cet ouvrage sont importants pour compléter ce parcours vertigineux par sa richesse et sa capacité de changer d'humeur et de manière de composer ses travaux. Quoi qu'il en soit de tous les ouvrages qui ont été écrits sur son compte - et il se comptent par milliers -, c'est sans aucun doute celui que je choisirais en premier pour commencer une initiation sérieuse à son art. Le dossier figurant en fin de volume permet de découvrir divers aspects de sa recherche en dehors de la peinture, le décor de théâtre ou la céramique.
Il est souvent été question des compagnes de Pablo Picasso (sauf la première, Geneviève Pichot). Il faut dire que deux d'entre elles ont écrit un livre sur les relations qu'elles ont eu avec le peintre (Fernande Olivier et Françoise Gillot), d'autre se sont consacrées à la peinture (Dora Maar et Françoise Gillot) et la dernière, Jacqueline, est devenue la gardienne des trésors et de la mémoire de l'artiste. Quant à Dora Maar, c'est la folie la prend en otage. Geneviève Pichot, née Laure Gargallo, Elle est indissolublement liée à l'aventure du cubisme et à l'ascension sociale de Picasso, était une amie de Carles Casagemas, qui s'est suicidé en 1901 et qui a inspiré à Picasso un tableau mémorable en 1903. Fort jolie, enne a laissé une trace bien mince dans l'existence du peintre. En revanche, Fernande Olivier a eu une place importante, d'autant plus qu'elle a connu les amis, admirateurs, collectionneurs de ce dernier. En 1912, elle est partie avec un artiste futuriste, Ubaldo Oppi, en abandonnant toutes ses affaires. Cette année qui lui a laissé un goût amer, Piccasso fait connaissance d'Eva Céleste Gouel, qui s'appelait en réalité Evelyn Nesbit. Elle était américaine et avait été mariée, mais son époux a assassiné son ancien amant en 1906.
A Paris, elle est devenue la maîtresse de Ludwig Markus (qu'on va connaître un peu plus tard comme Louis Marcoussis). Elle était alors modèle et danseuse. Elle n'était pas dépourvue de talent. Eva quitte Marcoussis. A ce moment, Fernande tente de renouer avec Picasso, mais en vain : il avait déjà élue Eva. Les deux amants se rendent à Sorgues pour nr pas être ennuyé par leurs relations. De retour à Paris, ils s'installent boulevard Raspail. L'année suivante, ils se rendent à Céret. Max Jacob les rejoint. Eva tombe malade et est opérée. En 1915, ils se rendent à Avignon. Mais la santé d'Eva ne cesse de se dégrader et elle meut en décembre 1915.Picasso arrive à Paris en mai 1917 en même temps que les Ballets Russes. ll y fait la connaissance d'Olga Kholklova, une jeune et belle ballerine de cette troupe. Le jeune couple se marie en 1918 avec l'aide d'Apollinaire pour les papiers. Il s'installe rue de la Boétie. En février 1921, Olga a un fils - Paul. Leurs relations se dégradent profondément en 1925. Leur séparation est un long calvaire qui a duré des années (le divorce a été aboli en 1939 en Espagne). La santé du petit Paul est un tourment pour sa mère.
Je laisse le soin au lecteur de découvrir les relations suivantes, celles avec Marie-Thérèse Walter et Dora Maar et celles avec Françoise Gillot et Jacqueline Roque. Ce livre est intéressant, même si on a le sentiment d'observer Picasso par le trou de la serrure. On sait le rôle que ces femmes ont joué dans son parcours, mais aussi dans son oeuvre. Et c'est là que réside le mystère Picasso car on est loin de tout savoir sur la question.




Temple, pagodes et sanctuaires, par les grands maîtres de l'estampe japonaise, Jocelyne Boucquillard, Hazan, un coffret et un livret, 24, 95 euro.

La période d'Edo a été l'une des plus féconde dans le domaine des artds plastiques au Japon. Les grands artistes de cette période ont touché à peu près tous les domaines : le paysage, le théâtre, les courtisanes, l'érotisme, les saisons, etc. Et les pèlerinages sont l'occasion de s'immerger dans une nature où la beauté des bâtiments du culte shintoïste ou bouddhiste s'associe au pittoresque des lieux où ils sont érigés. Le bouddhisme est religion d'Etat sous l'ère Meiji, puis, à la fin du XIXe siècle, le shintoïste lui prend cette place majeure. Les plus grands artistes se consacrent à ces sujets qui sont de plus en plus populaires. Utagawa Hiroshige fait partie de ceux qui ont exécuté un grand nombre de ces monuments qui sont visités dans les campagnes et la plupart du temps installés dans des régions très belles et suggestives. Si la religion ne tient qu'une place mineure dans le monde japonais, elle est liée avec la poésie. Les artistes tiennent à souligner cette étroite corrélation. Cette conjonction du spirituel et de l'esthétique est complètement conjointe : l'une ne saurait exister sans l'autre.
Les auteurs de ces xylographies ont tenu à mettre l'accent sur la splendeur de ces lieux très célèbres et très fréquentés alors. Chaque sanctuaire est rendu comme une architecture digne d'être louée. Parfois, un grand arbre en souligne l'importance et, en tout cas, l'endroit est magnifié et parfaitement intégré dans la nature. On comprend que l'auteur d'une oeuvre de ce genre a pris le plus grand soin pour restituer la vérité de ces lieux qui attirent des foules de visiteurs, mais, au-delà de leur valeur symbolique, possèdent aussi une dimension vénérable, mais aussi la traduction de la quête de la beauté au Japon. Cet ouvrage est une sorte de vadémécum de lieux de pèlerinage qui sont disséminés dans les îles de ce pays.




Les Jardins, par les grands maîtres de l'estame japonaise, Anne Sefriou, Hazan, un coffret et un livret, 24, 95 euro.

Les jardins, au Japon, sont conçus d'une manière complètement différente des nôtres. Ils obéissent à des codes qui ont pour objet de former un théâtre de la nature selon des codes bien précis. Il semblerait qu'ils soient apparus au VIe siècle de notre ère, quand le bouddhisme a été introduit dans le pays. Le premier élément qui entre dans sa composition est une belle pierre, souvent accompagnée d'autres pierres de plus petite dimension. Viennent ensuite les cascade (il en existe dix-sept types qui sont entourés de plantes et d'arbres. Le moment le plus riche dans ce domaine est la période Heian 794-1185). Mais si la disposition des jardins a évolué avec le temps ; des codes très stricts ont toujours accompagné leur création. C'est une représentation de l'univers réalisées sous une forme où tous les éléments de la nature sont rassemblés selon un ordre très précis. La beauté de ces jardins repose sur des principes qui sont faites pour rendre la beauté du monde et de sa vision spirituelle.
Le réalisme n'est pas de mise ici. Cependant, les références aux éléments sont rendues avec le souci de ne jamais rendre absconse le rapport entre les façons de construire le jardin et ce qu'il est censé mettre en scène et exalter par un langage minimaliste. Il existe aussi des jardins floraux plus semblables aux nôtres. Les artistes ont tenu à donner une image de ces jardin s avec une scrupuleuse minutie, parfois avec une figure féminine qui constitue un contraste. C'est là un genre moins fréquent que pas mal d'autres, mais qui prouve que l'art de la gravure avait la volonté de demeurer en phase avec d'un côté la nature, de l'autre les autres formes de création. Toutes ces oeuvres prouvent en tout cas qu'il y avait un bon nombre d'amateurs passionnés qui les collectionnaient et qui souhaitaient posséder chez eux leur propre jardin ou ne conception du jardin qui avait une valeur considérable à leurs yeux.




Trasparenze, Carmine Caputo di Roccanova, Scoglio di Quarto, Milan.

Percorso, Carmine Caputo di Roccanova, sous la direction d'Andrea B. Del Guercio, Comune di Roccanova, provincia di Potena, Regione Basilicate


Cette exposition à peine inaugurée montre comment Carmine Cuto di Roccanova a été capable de créer des superpositions de couleurs qui requiert une véritable science complexe pour aboutir à un nombre très impressionnant de situations chromatiques qui ne font que de se multiplier dans ses compositions. Le jeu de ses transparences est plus qu'un jeu formel. C'est le désir de porter la connaissance d'une science des relations entre les couleurs jusqu'à un point où l'oeil ne perçoit d'abord que des associations simples, pour se rendre compte ensuite qu'il s'agit de combinaisons plus compliquées qu'on pourrait le croire. Cet ensemble de tableaux récents permet de pénétrer dans un univers savant tout en conservant le plaisir de ce que la peinture peut et doit apporter : la jouissance spéculaire.
En 2005, Carmine Caputo di Roccanova expose au palais communal de Roccanova, en Basilique. Il profite de cette opportunité pour publier un catalogue avec des écrits de sa main qui ont une grande importance dans son histoire. En premier lieu, il compose le « Manifeste du maniérisme géométrique », ce qui pourrait paraît une forme de contradiction dans les termes. Son ambition serait de redonner à l'abstraction, qui a fourni au siècle dernier tant de spéculations importantes et inventives, un nouveau souffle et une nouvelle identité. Sa recherche se révèle donc une manière de trouver une nouvelle grammaire à une forme de langage dont on aurait pu croire que tous les possibles avaient été explorés. Ce n'est pas évident à première vue, mais on se rend peu à peu compte qu'il a réussi à engendrer une façon inédite de construite un tableau d'où est exclue toute forme figurative. Dans une seconde partie, il s'est appliqué à trouver les moyens de traduire l'art culinaire et ses ingrédients sous une apparence plastique, allant jusqu'à reformuler un art culinaire futuriste en hommage à F. T. Marinetti. C'est drôle, cela va sans dire, mais c'est aussi une curieuse façon de remettre en jeu cette relation entre les arts plastiques et les arts culinaires voulue par les futuristes entre les deux guerres. En somme, notre artiste a recherché avec jubilation mais aussi avec application les modalités d'un art abstrait qui est en mesure de dépasser les limites de son expression.




Férale,réensauvager l'art pour mieux cultiver la terre, Charlotte Cosson, « Vues de la terre », Actes Sud, 336 p., 23 euro.

Ce début de siècle peut être considéré comme l'exact opposé du précédent. A cette époque la féconde période de l'Art Nouveau est soudain supplanté par des expériences plastiques d'une audace dépassant largement ce qui a été l'impressionnisme et tout ce qui s'en est suivi. Le fauvisme, le cubisme, le futurisme, le rayonnisme, l'expressionnisme (pour ne citer que ces courants) ont balayé rapidement tout ce qui avait trait au symbolisme. La peinture aborde l'abstraction à Munich. Ce qui se joue aujourd'hui est de l'ordre de la régression conceptuelle : l'art a plus affaire avec la publicitié ou les graffiti muraux qu'avec la recherche la plus élaborée. Dans ce livre, Charlotte Cosson s'est efforcé de définir un art qui serait biologique, donc proche de la nature et, en tout cas, de plus en plus éloigné des trésors que recèlent nos musées, qu'ils soient anciens ou modernes.
Sans doute, depuis la dernière guerre, les artistes ont été très loin dans l'expérimentation de modalité nouvelle (je songe au Nouveau Réalisme, à Fluxus, à Cobra, etc.) Mais ils ont néanmoins préservé quelque chose de la « tradition du nouveau ». Ce que notre auteur nous propose est une symbiose d'une idéologie de la défense de la nature et un type de création inédit qui a plus trait à l'agriculture qu'à la quête de formes novatrices. La question de la beauté et de la forme en tant que telle ont été éliminé dans son affaire. En somme, notre auteur fait l'apologie d'un art sans précédent qui abolit, je le répète, beauté et recherches formelle (ce qui n'est d'ailleurs pas une nouveauté) et adopte un procédé qui serait la manifestation d'une relation ludique mais constructif avec la terre. Elle nous donne de nombreux exemples qui ne paraissent pas avoir beaucoup à voir avec la création artistique telle qu'on l'a pensée jusqu'ici.
Le discours est plus important que l'aspect esthétique de l'oeuvre. L'idéologie l'emporte sur toute autre considération. Cela nous enseigne que nous avons pris une autre direction dans la sphère artistique et que cette direction nous mène toujours à une leçon de bonne conduite, mais dans un combat militant qui est celui de la sauvegarde de la Terre. Bien sûr, l'écologie peut très bien être un sujet pour un tableau, une sculpture ou une installation. Mais ce qu'elle dénonce fit taire toute pensée sur la nature : les paysagistes ont tenu mille discours différents sur ce qu'ils voulaient nous faire découvrir des champs, des collines, des montagnes, des cieux ennuagés ou pluvieux. Je ne sais trop si Charlotte Cosson est convaincue par ses idées ou si elle désire faire chavirer la barque de l'art ! Mais quelle déception !
Gérard-Georges Lemaire
25-05-2023
 

Verso n°136

L'artiste du mois : Marko Velk

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Christophe Cartier au Musée Paul Delouvrier
du 6 au 28 Octobre 2012
Peintures 2007 - 2012
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Christophe Cartier / Gisèle Didi
D'une main peindre...
Préface de Jean-Pierre Maurel


Christophe Cartier

"Rêves, ou c'est la mort qui vient"
édité aux éditions du manuscrit.com