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[verso-hebdo]
20-02-2025
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La chronique de Gérard-Georges Lemaire |
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Chronique d'un bibliomane solitaire |
 Paolo Roversi, Chiara Bardelli Nonino, « Photo Poche », Actes Sud, 144 p., 14, 50 euro.
La photographie a pris une place toujours plus considérable dans la sphère de l'art contemporain et sous les formes les plus diverses. Aucune frontière ne semble en mesure de freiner cette expansion exponentielle. Cela est dû à de nombreux facteurs, dont la facilité technique, aux antipodes de ce qui s'est fait au XIXe siècle, qui exigeait des connaissances sérieuses dans le domaine de la chimie et qui exigeait des manipulations compliquées autant pour les prises de vue que pour le développement des clichés. De nos jours, rares sont les artistes qui ont recours à l'argentique. Les appareils actuels et les ressources insondables des ordinateurs ont ouvert des voies nouvelles et offert une liberté immense à tous ceux que cette technique intéressait sans avoir besoin de connaissances approfondies. Cela ne veut pas dire que ces créateurs soient tous dénués de talent. Mais il est évident que l'expérience requise pour la peinture, la sculpture et tous les arts appliqués traditionnels, n'est plus de mise. Cette belle collection qui paraît chez Actes Sud permet de découvrir ou de mieux connaître les photographes qui se sont fait connaître dans ce domaine.
Paolo Roversi est né à Ravenne en 1947. On lui a offert son premier appareil photographique alors qu'il avait huit ans. Il n'a plus cessé dès lors de se passionner pour ce mode d'expression sans jamais explorer ses aspects techniques. Ce qui l'intéressait le plus tenait dans la composition et la lumière. Il a commencé par faire des reportages comme la venue de la compagnie américaine du Living Theater ou les funérailles d'Ezra Pound. Mais il comprend très vite que ce n'est pas son orientation. Il se rend à Paris en 1973. Il trouve un atelier et commence à imaginer des compositions qui étaient des sortes de petits théâtres imaginaires à partir des données du réel. S'il a fait beaucoup de nus, il a multiplié le nombre de ses sujets. Un objet peut l'intéresser tout autant qu'une figure. Si ses compositions suivent des schémas très différents, il y a au moins un point qui les lie les uns autres : le souci de l'esthétique. Cela ne signifie pas que Roversi a désiré tisser des liens avec ses prédécesseurs de l'entre-deux-guerres qui étaient habités par le sens de la construction et de l'imaginaire abstrait ou simplement formel. Mais quelque soit le sujet traité, il a souhaité qu'il apparaisse sous un éclairage esthétique parfait. C'est d'ailleurs ce qui le distingue de la plupart de ses contemporains. Il a fui le fugace et le furtif, le chaos et l'aléatoire. Son pont de départ peut fort bien être né d'un concours de circonstances imprévus, mais il l'élabore de sorte à ce qu'il distille une idée de beauté. C'est dans nul doute une quête un peu paradoxal, mais qu'il maîtrise à la perfection. Il utilise aussi bien la couleur que le noir et blanc et aime faire poser ses personnages. Il a chez lui un penchant pour un genre de classicisme, mais en le plaçant dans une optique qui peut être baroque, onirique ou fantasque. La mise en scène lui est indispensable. Et même le plus incongru prend avec lui une apparence séduisante. En ce sens, il se distingue par son originalité et sa créativité. Rien ne pourrait lui faire renoncer à cette quête passionnée pour ce qui ne peut être qu'un rêve qui se matérialise à partir de ce que le monde lui offer ou quand il a l'intention de changer une robe et son modèle en un « tableau » qui ne peut être fait que par les moyens qui sont les siens.
 Sebastiao Salgado, Christian Caujole, « Photo Poche », Actes Sud, 144 p., 14, 50 euro.
Il est né à Aimorès, au Brésil, en 1944. Il a fait une carrière d'économiste. C'est à Paris en 1873 que lui est venue cette passion exclusive pour la photographie. Il a dès lors travaillé pour de grandes agences, comme Sygma ; Gamma et Magnum. Par la suite il a été à l'origine de la fondation de l'agence Amazonas images, où est le seul maître des thèmes abordés. Il n'a eu aucun penchant pour une photographie de nature artistique : seul l'humain, dans ce qu'il peut avoir de plus troublant et de plus pathétique l'a intéressé. Il a voulu faire voir la misère, la maladie, les maux qui ravagent les régions les désolées et les plus pauvres du monde. Il voulait nous faire percevoir ce qu'il y avait de plus terrible dans notre monde. Jamais il n'a voulu tirer une once de pittoresque ou d'admirable dans ses prises de vue. Au contraire : il a recherché la vérité la plus crue. Il ne fournit jamais une justification de quelque nature à ce qu'il a pu ramener de ses voyages en Afrique ou aux Indes. Il est présent là où plus rien ne peut être pittoresque. Il est demeuré toute sa vie durant un témoin qui est là pour nous faire prendre conscience des malheurs qui s'abattent sur des populations qui sont dépouillées ou chassées de leurs territoires par les guerres ou les caprices du climat. Il s'est fait un nom alors que ses photographies ne sauraient séduire le moindre amateur d'art. C'est l'aridité de sa quête exigeante, sa vision sans concession et ses scrupules qui dénotent un humanisme généreux. Bien sûr, on pourrait voir en lui une sorte de missionnaire, mais qui n'a pas de message à divulguer aux peuples qu'il rencontre, mais à nous autres sur notre Vieux Continent. Il ne tient pas à noircir le tableau, mais il est déterminé à ce que nous puissions voir comme lui l'a vue la désespérances des êtres malmenés par le destin et par les horreurs de contrées qui connaissent les pires tourments.
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Gérard-Georges Lemaire 20-02-2025 |
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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