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[verso-hebdo]
20-03-2025
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La chronique de Gérard-Georges Lemaire |
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Chronique d'un bibliomane solitaire |
 Art Déco, il triompho della moderntà, sous la direction de Victorio Terraroli, Palazzo Reale, Milan, 24 Ore Cultura, 36 euro.
Une exposition aussi intéressante que curieuse a ouvert ses portes voici peu au sein du Palazzo Reale de Milan. Elle est consacrée à l'Art Déco. Le sujet étant très vaste, le curateur a choisi un point de vue originale qui est loin d'être exhaustif. Même si la France a été sans conteste la nation-phare dans la création de ce style, il a préféré adopter l'Italie pour mettre en valeur ses principales caractéristiques.
Les prémisses de cette révolution stylistique se sont déjà formulées au cours des années dix, et certains considèrent que le Wiener Werkstate en a été le précurseur. Toutefois une date s'impose : 1925. C'est l'année où a eu lieu l'Exposition universelle des arts décoratifs et industriels à Paris. Cette année-là, du passé, les artistes ont fait table rase. Et de manière radicale : c'en est terminé les lignes sinueuses et sensuelles de l'Art Nouveau, avec cette sublimation de la nature et ces femmes aux courbes désirables. Il convient de souligner que la peinture n'a pas suivi la même trajectoire que les arts appliqués et que ses multiples métamorphoses ont eu lieu déjà avant la guerre mondiale. L'Art Déco, c'est la fin de la société dépeinte par Marcel Proust en même temps que la fin des avancées d'avant-garde (cubisme, fauvisme, futurisme, rayonnisme, même si l'esprit de certains de ces mouvements s'est perpétué). L'heure est désormais à une ouverture du champ des possibles très marquée, chaque artiste suivant un cheminement très différent (il n'est que de prendre en ligne de compte Modigliani, Soutine ou Vlaminck)). Le peintre sans doute le plus représentatif de cette nouvelle tendance est Tamara de Lempicka. Au sein de cette exposition, on découvre des compositions de Gallileo Chini (L'Allégorie du printemps, 1912-1913) ou Louis-Léon-Eugène Billotey. Dans le domaine de la sculpture, l'oeuvre d'Attilo Selva représente un pas dans cette direction. L'exposition qui a eu lieu à Monza en 1925 montre que l'Italie n'était pas en retrait de cette lame de fond qui s'imposait dans toute l'Europe. Les tableaux d'Attilo Gambelotti et les meubles de Vittorio Zecchio en sont la démonstration. Déjà émerge la figure d'un des plus grands créateurs dans le domaine de la céramique : Gio Ponti. Celui-ci est parvenu à concilier des formes très épurées et une extrême diversité des dessins sur ses vases, ses plats et ses coupes. A Paris, il obtient un grand prix, en particulier pour ses vases à couvercle. Quant à Ettore Zaccari, il se fait remarquer par l'originalité de ses meubles. De son côté, Vittorio Zecchin allie la simplicité de la forme, la monographie et l'absence de figures ou de décors. Ses verres soufflés sont une merveille de pureté stylistique et de finesse en réduisant sa sphère chromatique. En France, Roger Silvaut, Caille Fauré, les artistes qui ont opté pour ce nouveau registre sont légion : Léon-Charles Peluche et Charles Villon, Louis-Maurice Bocquet, Dagobert Perche, pour ne citer qu'eux, ont conçu des objets qui sont l'expression de cette tendance. Si l'on se tourne vers l'illustration, il faut alors célébrer Erté (Romain de Yirtoff) ou encore Maurice Picaud (dit Pico). En ce qui concerne le mobilier, on doit prendre en considération Rebné Joubert et Paul Petit, Jules Leleu.
Mais le commissaire de l'exposition ne s'est pas attaché à mettre en avant la majorité des auteurs et s'est plutôt orienté vers les grands thèmes qu'ils ont privilégié, comme l'exotisme, comme on le voit chez Pierre-Paul Jouve ou Roberto Rosati, Alfredo Biagini, Pierre d'Avesn ou Pietro Melandri. Une section entière est réservée au Vittoriale degli italiani à Prioria, où Gabriele d'Annunzio avait réuni une collection qui n'avait pour règle que son goût, avec des sculptures d'Alexander Kéléty et Pierre Le Faguays. L'exotisme est alors très prisé et l'on retrouve un magnifique dessinateur comme Paul Colin et les plus singulières sculpture de Francesco Nonni et Anselmo Bucci (le songe au Cortège oriental de 1927) ou encore de Demetre Chiparus, et de Sandro Vacchetti. La linéarité formelle et la simplification du corps humain ou animal ne nuit pas à la fantaisie ou même à l'étrangeté du sujet. Les mythes sont également traités par exemple par Anne Carlu dans sa Diane chasseresse (1927). Et l'antiquité est loin d'être exclue, comme le font valoir les nombreux vases et plats de Gio Ponti.
Si les plus grands noms de l'Art Déco ne sont pas présents à part une poignée, ce catalogue nous permet de comprendre que l'Art Déco n'a pas eu un dessein unique, bien au contraire. Ses règles fondatrices n'ont pas empêché la variété incroyable de l'imaginaire qu'il a instauré jusqu'au début de la dernière guerre.
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Gérard-Georges Lemaire 20-03-2025 |
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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