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[verso-hebdo]
17-06-2021
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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Philippe Parreno et Catherine de Médicis |
Très commentée depuis son inauguration, l'ancienne Bourse de Commerce de Paris, restructurée par l'architecte Tadao Ando pour abriter une grande partie de la collection Pinault, se singularise par une installation intéressante de Philippe Parreno, constituant sans doute une étape essentielle dans sa quête qui consiste à tenter de « repousser les limites de la création ». Les artistes restés à l'intérieur de ces limites sont quant à eux dans la bourse de commerce (treize expositions) et certains commentateurs parlent d'une pénible impression de « déjà-vu ». Pour voir la proposition de Parreno, il suffit de rester à l'extérieur et d'observer la « colonne de Catherine de Médicis » : ce qui reste du palais de l'épouse d'Henri II. Cette colonne était bien sûr un symbole du pouvoir royal, mais davantage encore une éminence ésotérique fréquentée par les astrologues de la reine (Cosimo Ruggieri et Nostradamus) qui observaient les étoiles et s'y livraient à de mystérieuses expériences. De quoi intéresser Philippe Parreno, toujours à l'affût des occasions de renouveler le concept d'exposition.
Ce qu'il nous donne à voir a pour titre Mont Analogue, c'est daté 2001-2020. Pourquoi 2001 ? Parce qu'il s'agit d'une réminiscence d'une installation éphémère conçue il y a vingt ans. L'artiste veut illustrer une aventure impossible, ce qui ferait de l'oeuvre une métaphore de l'art et de son utopie. Nous sommes donc devant un phare, dont les projecteurs sont placés dans l'ancienne structure métallique qui coiffe la colonne. Ce phare envoie des lumières colorées changeantes intermittentes qui transcrivent en code le roman inachevé de René Daumal (1908-1944), publié en 1951, qui raconte une aventure fantastique et métaphysique : l'ascension sans fin d'une montagne unissant le ciel et la terre. Comme toujours, Parreno (né en 1964) travaille dans un espace poétique, au carrefour de la science fiction, des sciences occultes, de la philosophie et de la fable.
Hier, au Centre Pompidou (en 2009) ou surtout en 2013 au palais de Tokyo, Philippe Parreno immergeait les visiteurs dans un parcours labyrinthique. L'immersion était totale, sonore et visuelle. L'artiste fonctionnait à partir d'un texte plus ou moins ésotérique comme celui de Thomas Hood traduit et utilisé par Baudelaire : Anywhere Anywhere. Out of the world. L'exposition était orchestrée par une transcription pour piano à quatre mains de Petrouchka d'Igor Stravinsky. Les limites traditionnelles de la création artistique semblaient déjà franchies. Aujourd'hui, le phare de Parreno sur un support emprunté à Catherine de Médicis diffuse à la dimension de la ville un message construit sur un code mystérieux, introduction à des mondes invisibles, simplement possibles : les mondes de l'art, décidément hors d'atteinte. On peut trouver curieuse cette expression de désenchantement au seuil de l'écrasante collection Pinault. Je me souviens que lors de l'inauguration de la Pointe de la Douane à Venise, le maître des lieux, déjà, devant le cheval de Maurizio Cattelan dont la tête disparaissait dans la paroi, avait murmuré : « c'est peut-être une métaphore de l'art contemporain qui va droit dans le mur ? » Le moins que l'on puisse dire, c'est que la question se pose toujours aujourd'hui. A voir et à méditer en nocturne, évidemment.
www.pinaultcollection.com/fr/boursedecommerce/philippe-parreno
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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