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[verso-hebdo]
23-06-2021
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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Jeff Koons au Mucem |
Qu'est-ce que le Mucem ? Un beau musée construit par l'architecte Rudy Ricciotti à Marseille, qui depuis juin 2013 rassemble les collections des anciens Musée de l'Homme et Musée des Arts et Traditions Populaires. Le Fort Saint Jean lui est associé, d'où une grande entité culturelle structurante, qui a déjà permis d'aller au-delà des simples expositions ethnographiques et d'accueillir des artistes vivants comme Gandolfo Gabriele David avec We Are Here à l'été 2017 : des grands drapeaux orange flottaient sur la terrasse de la tour du Roi René. Ces drapeaux étaient faits à partir de gilets de sauvetage portés par les migrants qui prennent tous les risques en Méditerranée. Message de paix et d'accueil qui ne manquait pas d'allure et de beauté. Ne vous attendez pas à une découverte comparable avec Jeff Koons Mucem, oeuvres de la collection Pinault qui occupe le musée jusqu'au 18 octobre. On se demande ce qui a pris au directeur, Jean-François Chougnet, et ses deux commissaires Elena Geuna et Emilie Girard. Serait-ce le désir de faire du bruit à l'intention d'un vaste public attiré par « l'artiste le plus cher du monde » ?
On veut bien croire que Jeff Koons est venu sur place sélectionner des objets des collections destinés à accompagner les 18 pièces prêtées par l'organisation Pinault. Le résultat n'est guère probant. Il y a bien une version du célébrissime Balloon Dog, ce chien en acier si bien poli qu'il renvoie son image au spectateur, lequel a besoin de savoir, pour l'admirer, qu'une version identique a atteint 58,4 millions de dollars en vente publique. Il y a aussi le presque aussi célèbre Lobster, le homard en acier tout aussi poli et coloré qui se balance, tête en bas, au bout d'une chaine comme à Versailles naguère... On nous explique que Jeff Koons puise son inspiration dans les objets du quotidien de la civilisation industrielle, d'où l'intérêt de rapprocher ses oeuvres kitchissimes des humbles réalisations léguées par les traditions populaires. Voici les commissaires qui, grâce à Koons, se livreraient à une «relecture inédite » de leurs collections. On est curieux de connaître le résultat de cette relecture qui n'est pas évidente dans l'exposition.
Jeff Koons a dit deux choses : la première que « l'art est un vecteur privilégié du merchandising », la seconde, qu'il pratique une « ironie de bon aloi ». Il n'a sans doute pas lu le célèbre article de Jean Baudrillard paru le 20 mai 1996 dans Libération. Le philosophe déplorait déjà « la réalité qui se rit d'elle-même sous la forme la plus hyperréaliste, celui du sexe qui se rit de lui-même sous sa forme la plus exhibitionniste » (il avait peut-être noté l'union, en 1991, de M. Koons et de Mlle Staller, porno-star connue sous le nom de la Cicciolina, union qui avait donné lieu à des photographies très exactement pornographiques. Ce mariage avait fait bondir la cote de l'artiste). Baudrillard continuait : « celui de l'art qui se rit de lui-même et de sa propre disparition sous sa forme la plus artificielle : l'ironie ». Le Lobster est un parfait exemple de l'ironisme cynique de Koons. Non, l'ironie de Jeff Koons n'est pas de bon aloi. Oui, il s'amuse de son active coopération à une entreprise de disparition de l'art qui, avec lui, est bien avancée. Ceux qui se prêtent à son jeu sont certainement fort intelligents. L'intelligence n'exclut pas toujours la naïveté.
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J.-L. C. verso.sarl@wanadoo.fr 23-06-2021 |
Gérard Fromanger, incomparable ami de Verso, est mort le 18 juin. Ce grand artiste nous manquera cruellement, mais pour nous il sera toujours vivant.
Verso-Hebdo prend des vacances. Cette lettre s'interrompt pour la durée de l'été. Rendez-vous début septembre. |
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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