Jean-François Bory, une monographie, Jacques Donguy, A. D. L. M. N. / Les Presses du réel, 596 p., 24 euro.
Jean-François Bory est à mes yeux l'un des écrivains et artistes parmi les plus passionnants depuis les années soixante. Il y a cinq ans, il m'avait demandé de rééditer un texte que j'avais écrit sur lui et je lui avais dit que c'était trop court pour un livre. Je me suis donc employé à rallonger ces pages et l'ouvrage est sorti en 2016 aux edizioni Beppe Mora à Naples. Mais ce n'était là qu'une appréciation très personnelle et surtout un bref « portrait » à travers ses oeuvres littéraires et une partie de sa production artistique. J'ai suivi ses instructions car j'étais persuadé qu'avec un peu plus de temps devant moi, j'aurais pu écrire un ouvrage plus consistant. Jacques Donguy a réalisé ce projet en grand style, dans presque tous ses aspects, avec ce beau et copieux livre, richement illustré, avec une foule de documents, des commentaires judicieux de sa part et aussi un choix de textes écrits par différents auteurs comme Richard Kostelanetz et Jérôme Diwa, pour ne citer qu'eux.
Ce qu'a réalisé Jacques Donguy est un remarquable travail d'archiviste. Il fait découvrir les premières réalisations de Bory, souvent inconnues de la plupart, et tout ce qu'il a pu faire dans le domaine des revues, créant lui-même L'Humidité, une revue devenue légendaire avec le temps. Il a collaboré à Agentzia, Approches, Asa, Lotta poetica, et plus tard à L'Ennemi. Force est de constater que ce qu'il a pu faire dans le domaine de la poésie typographique et visuelle est d'une originalité rare, précieuse, drolatique, aussi bien en jouant sur le papier qu'en usant des possibilités du film. Cela se prolonge d'ailleurs dans ses créations plastiques comme, par exemple, la suite de ses machines à écrire dorées et ornementées souvent de petits soldats en plastique, eux aussi recouverts de peinture dorée. Donguy est parvenu à rendre tout à fait séduisant un ouvrage qui, par sa vocation originelle, était surtout une étude approfondie et sérieuse du cheminement de ce créateur hors pair à travers tout ce qu'il a pu entreprendre d'année en année ; en somme, voilà un catalogue en bonne et due forme.
Sa présentation rend le tout très agréable au-delà de sa fonction documentaire. En somme, il a réussi cette gageure de ne pas tomber dans le travers universitaire tout en respectant les règles de ce genre. Il y a, en plus des nombreuses études recueillies, un bon nombre d'entretiens qui éclairent très bien sa démarche. Espérons qu'avec un livre aussi réussi, Jean-François Bory gagnera la notoriété qu'il mérite car il n'est encore apprécié que par un petit cercle d'amateurs. Par exemple, il mériterait une belle exposition rétrospective à Paris. Je regrette personnellement qu'il n'y ait pas une partie consistante sur l'écrivain, car Jean-François Bory a écrit un bon nombre de fictions, chez des éditeurs comme Flammarion ou Les Editions de l'Olivier, qui résument avec humour et piquant sa propre vision de la littérature et qui donnent les clefs de sa propre démarche. Jacques Donguy m'a expliqué pour quelles raisons cela n'a pas été possible. Dommage. Mais cela a un aspect positif : un autre livre s'impose pour l'avenir proche ! Ainsi le lecteur pourra embrasser la totalité de ce qu'il a pu créer et qui constitue un pan méconnue de la littérature et de l'art français - La France est un pays qui se forge de fausses valeurs et néglige les femmes et les hommes de grand talent qui seront les seuls dont nous nous souviendrons. En tout cas, je dis chapeau bas à Jacques Donguy qui a prouvé ici sa capacité de composer un volume qui est à la hauteur de son sujet. Ce livre est désormais une des pierres angulaires pour comprendre les formes les plus saisissantes de l'art d'écrire par mille moyens différents ce dernier demi-siècle. Et très loin des sentiers battus.
Volume 1 : L'Avertissement de Socrate, volume 2 : Je vous écris avant l'aube, Salvatore Satta, traduit de l'italien par Christophe Carraud, sous coffret, Editions Conférence, 892 p., 45 euro.
La notoriété littéraire de Salvatore Satta (1902-1975) a été posthume en Italie autant qu'en France : elle lui a été donnée surtout par Le Jour du jugement, son unique fiction, parue dans son pays en 1971 et puis traduite en France en 1981. Au cours de son existence, c'est sa connaissance profonde de la loi qui l'a rendu célèbre, en particulier avec les cinq volumes du Commentario al codice di procedura civile e diritto processuale civile. En somme, il a connu une profonde reconnaissance professionnelle, c'est vrai ; mais son oeuvre littéraire est demeurée cachée. Mais Satta n'a pas sacrifié son oeuvre littéraire à l'exercice de son métier. Il a voulu penser le droit et même esquisser une philosophie du droit.
Les textes réunis dans cet Avertissement de Socrate en sont la démonstration. Il entend faire valoir dans ce recueil que la science du droit est une science morale au plein sens du terme. Ce n'est pas par hasard que le premier texte concerne un événement survenu pendant la Révolution française et qui a eu lieu le 2 septembre 1792 : le tribunal allait siéger, mais le peuple a envahi le bâtiment et a massacré les prisonniers avant qu'une sentence formelle pût être prononcée. Ensuite la Terreur sera l'exigence du procès à tout prix, même si ses conditions n'ont plus rien d'équitable. Même si le jugement était connu d'avance, il fallait néanmoins instruire un procès dont la fin était le jugement. La loi était métamorphosée pour en arriver là. Quand on parcourt ces écrits, on se rend compte que la justice n'est pas une question simple, avec des conceptions bien nettes, telle que la restitue son allégorie. Les méditations de Salvatore Satta nous obligent à abandonner bien des idées reçues, même des grandes visions philosophiques, pour entrer dans un examen complexe et presque labyrinthique de ce que peut être un acte juridique.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ces propos aurait pu être une sorte de contrepoint à ce que Franz Kafka a pu écrire dans Le Procès. Au fond, on ne doit pas oublier que l'écrivain pragois était docteur en droit, et qu'il avait eu le temps, pendant ses longues années d'études, de méditer sur ces questions ardues et pleines de contradictions épineuses. Sans doute pour un néophyte comme moi, sa pensée n'est pas évidente, d'autant plus qu'elle consiste d'abord à corriger des conceptions qui semblent des évidences. Mais c'est une initiation à ce domaine qui est pour nous ou un abstraction (même un fondement de la politique et de l'organisation de la société) ou la traduction concrète d'un problème. Satta donne ici à rejeter nos maigres acquis pour apprendre à lire les arcanes juridiques comme on lit un raisonnement philosophique. Avec lui, tout reste à repenser. Le second volume recueille sa correspondance avec son ami Bernardo Albanese, grand juriste, qui avait des vues sur la question de la loi assez proches des siennes.
Cet échange épistolaire est très riche et dépasse de très loin les questions strictement professionnelles. Cette correspondance n'avait pas pu paraître en Italie à cause de l'opposition de la veuve de l'auteur, pour d'obscures et même d'incompréhensibles raisons. Grâce à ces deux livres, on peut avoir une vision d'ensemble de cet homme qui demeurait mystérieux aux yeux de tous car on ne le connaissait que pour son superbe roman en ignorant tout de ses recherches et spéculations sur son domaine, le droit, qui l'a toujours passionné et auquel il a consacré la plus grande part de son énergie et de sa réflexion.
De Gaulle, Israël et les Juifs, Raymond Aron, « Le goût des idées », Les Belles Lettres, 200 p., 15 euro.
Il ne me semble pas inutile de rappeler aux plus jeunes de nos lecteurs qui a été Raymond Aron (1905-1983) en deux mots. Il est le fruit de l'alliance de deux grandes familles de l'industrie du textile ayant déjà une longue tradition derrière elles. Il a fait ses études secondaires au lycée Hoche de Versailles, a passé brillamment son baccalauréat, est devenu élève en khâgne au lycée Condorcet à Paris, puis il est entré à l'Ecole normale supérieure où il est de la même génération que Jean-Paul Sartre, Paul Nizan (dont il a été l'ami), et Georges Canguilhem. Engagé assez tôt dans les rangs de la SFIO, influencé par les idées pacifistes d'Alain, il fait partie d'une gauche pacifiste et modérée.
Il passe l'agrégation de philosophie en 1928. Après son service militaire, il se rend en Allemagne où il étudie un an à l'université de Cologne, puis à celle de Berlin de 1931 à 1933. De retour en France, il va enseigner au Havre. Il publie deux essais l'un sur la sociologie allemande, l'autre étant l'Introduction à la philosophie de l'histoire, parue en 1938. Mobilisé un an plus tard, il se retrouve poste dans les Ardennes. La débâcle lui permet de rejoindre Bordeaux en 1940 et il décide d'embarquer pour l'Angleterre le 23 juin. Il rejoint le général De Gaulle, qu'il n'aime pas, et soupçonne même de bonapartisme (plus tard, en 1958, il a toujours un regard négatif sur le personnage).
Les deux hommes d'ailleurs ne s'apprécient guère mais s'estiment. Le chef de la Résistance lui confie néanmoins la direction de la revue La France libre sous le pseudonyme de René Avord. A la Libération, il collabore au quotidien Combat et participe à la création des Temps modernes. En 1947, Malraux qui dirige le ministère de l'Information, l'appelle en qualité de conseiller. Il rompt de manière définitive avec tous ses amis communistes. Il écrit pour la revue Preuves (financée par la CIA) et devient un chroniqueur régulier du Figaro. Son camp est celui du soi-disant « monde libre ». Il fait paraître un nombre impressionnant d'ouvrages, dont les plus célèbres sont Le Grand schisme (1948), L'Opium des intellectuels (1955), Démocratie et totalitarisme (1965). Cependant, s'il adopte une nette orientation à droite, il est impossible de la classer dans un courant politique bien précis.
Il ressort qu'il a été un fervent anti-communiste tout en lisant Karl Max avec le plus grand intérêt. La Guerre-éclair des Six Jours (5-10 juin 1967) et surtout une conférence de circonstance de Charles De Gaulle devenu président de la République, constituent pour le scrutateur vigilant qu'il a été l'occasion rêvée de résumer sa pensée sur l'Etat d'Israël et sur l'attitude des Juifs par rapport à ce jeune pays qui s'était déjà éloigné de ses utopies et des ses rêves initiaux. Ce fut le point de départ de la rédaction de ces essais et de ces articles.
Pour Aron, une expression employée par le général l'a vraiment plongé dans l'embarras : « [Les Juifs]... un peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur, en viennent [...] à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu'ils formaient depuis dix-neuf siècles. » Il n'y a pas d'antisémitisme avéré dans ces propos, mais des préjugés depuis longtemps véhiculés à leur encontre. On sait que De Gaulle est d'une famille très catholique et qu'il avait rejoint dans sa jeunesse les rangs de l'Action française de Charles Maurras, mouvement monarchiste mais aussi antisémite. La prise de position du chef de l'Etat est un véritable renversement d'alliance en faveur du monde arabe. De Gaulle oublie les conditions de la création de l'Etat d'Israël, le manque de parole des Britanniques (qui avaient publié la déclaration de Balfour en 1917 - ils avaient aussi fait des promesses assez similaires aux Arabes, non tenues elles aussi !), le vote nocturne de l'O.N.U. approuvant l'entrée d'Israël en son sein, l'attaque le lendemain matin des forces arabes qui a suivi immédiatement la proclamation de la naissance de ce petit pays.
Dans ce court et brillant essai, Raymond Aron s'interroge aussi sur le point de vue de la plupart de ces Juifs français, attachés à leur pays, mais séduits néanmoins par la création d'Israël en Palestine. Ils savent en général que la naissance de ce pays hébraïque a insinué un élément nouveau et plein d'espoir dans leur existence, même s'ils ne comptent pas s'y installer. Ils avaient jusqu'alors faire leur possible pour s'intégrer et devenir de bons Français, conformes aux autres, qu'il soient croyants ou non. Mais une partie d'entre eux se sentent intimement liés au jeune Etat hébreux, de facto, ou dans l'imaginaire. Aron comprend bien cette position, mais ne l'approuve pas. Pour lui, on ne peut pas avoir deux nationalités. Déjà à l'époque où il écrit cet essai, Israël était fortement soutenu sur le plan économique et militaire par les Etats-Unis - ce qui représente un singulier renversement d'alliance car, ce qu'on sait peu, c'est Staline qui avait voulu à l'origine la création de l'Etat israélite. La VIe Flotte américaine mouillait alors en Méditerranée uniquement à cette fin.
Il est contraire à l'idée de la double nationalité. Il reste fidèle à une longue tradition de fidélité des Juifs à la France où ils ont trouvé leur identité. Son anticonformisme repose sur un conformisme assez ancien. Un Juif français doit à ses yeux pouvoir être détaché et critique à l'encontre d'Israël. Le reste de l'ouvrage est constitué d'articles parus dans les pages du Figaro et dans Réalités, qui permet de suivre les événements au fil de leur déroulement, de comprendre de quelle manière l'observateur qu'il a été a pu faire une analyse surprenante de cette victoire qu'il pense être à juste titre une victoire à la Pyrrhus. C'est un ouvrage vraiment passionnant, car ce conflit a été si rapide et sa conclusion si humiliante pour les pays arabes - la perte du plateau du Golan, celle du Sinaï, de la bande de Gaza, de la Cisjordanie - et surtout le rattachement de Jérusalem Est à l'Etat hébreu -, ont été les marques brûlantes d'une humiliation sans borne pour le monde arabe. Et aussi cela marque le début d'une nouvelle phase d'une confrontation qui, de nos jours, est loin d'être terminée et qui, avec le temps, ne cesse d'être toujours plus dangereuse et envenimée.
Les Expressions & proverbes disparus de Pierre Larousse, introduction de Bernard Cerquigni et de Jean Pruvost, Larousse, 192 p., 14,95 euro.
Personne en France n'ignore le nom de Pierre Larousse (1817-1875) pour avoir consulté ne serait-ce qu'à l'école le petit dictionnaire baptisé Petit Larousse. Ce fils de forgeron a étudié le latin, le grec, le chinois le sanskrit et les grands principes de la linguistique. Il a fréquenté pendant huit ans la Sorbonne et le Collège de France. Il devient vigneron et dans sa petite propriété en Bourgogne il publie en 1849 la Lexicographie de la langue française à compte d'auteur. Il obtient trois ans plus tard son brevet de libraire-éditeur. Après quelques manuels scolaires, il réalise en 1856 un Nouveau dictionnaire de la langue française. Ce volume est mis à l'index par l'Eglise. Puis il entreprend à partir de 1863 son oeuvre majeure (22.700 pages), le Dictionnaire universel du XIXe siècle qui finit par constituer quinze volumes quand il l'achève en 1867, auxquels seront ajoutés deux autres volumes.
Il a fait appel à 89 collaborateurs, dont certains sont célèbres, comme Théophile Gautier. Son oeuvre est gigantesque, à la mesure de ce siècle qui ne connaît que la démesure dans tous les domaines. Il a beaucoup fait pour les écoles, mais il a aussi écrit, entre autres, La Femme sous tous les aspects. En outre, il a été l'un des principaux auteurs de son Dictionnaire universel (une anthologie impressionnante a paru sur la question il y a quelques décennies). Cette époque a connu aussi un enrichissement considérable de la langue, ne serait-ce que par les techniques nouvelles, mais aussi par les libertés prises par les grands auteurs : ceux-ci n'hésitent pas à inventer des mots, des verbes, des adverbes et des expressions, les unes en usage alors, les autres, inventées. Ce recueil est précieux car on se rend compte que notre langage s'est bien appauvrie.
Beaucoup de dictons et de proverbes ne sont plus usités. Cela étant dit, les compilateurs de cet ouvrage ont vite fait passer aux oubliettes des expressions toujours en usage, même si elles sont plus rares, comme « tenir la dragée haute à quelqu'un » ou « peigner la girafe ». Mais qu'à cela ne tienne : on est enchanté du début jusqu'à la fin de découvrir toutes ces formes du langage qu'elles soient mortes ou non. On constate que chaque génération a eu ses formules de prédilection et beaucoup sont savoureuses. Quand on parcourt ce livre, on a l'envie de remettre à la mode pas mal d'entre elles comme « l'occasion est chauve » ou « bailler le lièvre par l'oreille ».
C'est divertissant à souhait, plein de surprises, et aussi une grande leçon pour redécouvrir toutes les richesses du français. Les notices sont bien faites, concises et très précises. Bien que Larousse n'ait pas eu l'ambition, comme Emile Littré, de rechercher l'étymologie des mots et de débusquer leur usage au fil du temps à force de nombreuses citations, il n'en reste pas moins vrai que son magnifique Dictionnaire demeure une référence d'un point de vue linguistique, ce qui n'est pas le cas depuis longtemps du Petit Larousse actuel où l'on fait entrer les mots insidieusement dans le langage commun, mais pas nécessairement indispensables.
Gutenberg l'inventeur de l'imprimerie, Alphonse de Lamartine, éditions-dialogues.fr, 84 p., h. c.
Alphonse de Lamartine ne cessera jamais de me surprendre. En 1853, il a publié chez Hachette une petite biographie de Gutenberg. Certes, l'imprimerie est un sujet proche des intérêts de tous les écrivains, mais de là à écrire une vie de son inventeur, il y a un grand pas ! Nous connaissions Lamartine poète, grand voyageur, historien, politicien, mais là, il nous étonne ! Il est vrai que cet ouvrage a été bien oublié depuis sa parution. La première phrase est superbe : « l'imprimerie est le télescope de l'âme. » C'est une introduction qui dévoile l'esprit de son enquête qui veut que cette technique qui a révolutionné le XVe siècle et a pu rapprocher les hommes de la pensées de leurs aînés et de leurs contemporains. Et il n'hésite pas à penser que la parole a quelque chose de divin. C'est pour lui le passage d'un sens à l'autre, de la main à la vue. Gutenberg est originaire de Mayence, sur les bords du Rhin, mais il a été proscrit avec sa famille de cette ville lors d'une guerre civile.
Il s'est installé à Francfort et a étudié à Strasbourg. Jeune homme, il voit ses biens restitués. Mais il se heurte à un problème (que l'on rencontre encore de nos jours) : il ignore comment il est parvenu à mettre au point cette machinerie sophistiquée. Il traduit l'histoire de cette mise au point comme une sorte de saga qu'il romance à ce stade, faute de pouvoir s'appuyer sur des documents écrits. En fait, il ne peut s'appuyer que sur des bribes des premiers pas de l'art de l'imprimerie et fait allusion à plusieurs difficultés sérieuses qu'il a rencontrées avec ses associés ou des concurrents.
Il eut à subir un second procès en 1439 et il alla à Strasbourg pour y fonder sa première imprimerie. Mais il a dû quitter la cite alsacienne en 1439, abandonnant tout derrière lui, sa science, ses machines, ses secrets et il est rentré à Mayence. Là, il est aidé par Pierre Scheffer, un calligraphe réputé, qui a fait fondre de beaux caractères. Sa Bible de Mayence est regardée comme un chef-d'oeuvre. Mais il ne peut rembourser son créancier Johann Fust et un procès lui est intenté en 1455 et il le perd une fois de plus. Le prince électeur Adolphe II de Nassau le sauve de la misère après avoir pris la ville en lui donnant une pension à vie comme gentilhomme de sa cour. Johannes Gutenberg disparaît en 1468. A cette date, l'usage de imprimerie s'est répandue dans toute l'Europe et bientôt au-delà. J'ai dû même combler quelques lacunes dans le livre de Lamartine. Ces pages ne serviront pas l'histoire, c'est évident, mais rendent un hommage à l'homme qui a eu cette idée de génie et dont, en fin de compte, on sait si peu de choses.
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