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[verso-hebdo]
04-06-2015
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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L'évolution vertigineuse de l'art urbain |
Je fais très volontiers partie du jury appelé en juin de chaque année à apprécier les soutenances de « Mémoires du Bachelor » à l'ICART (Institut des Carrières Artistiques, dit aussi Ecole du management de la culture et du marché de l'art) : on peut y faire des découvertes passionnantes en profitant des recherches d'étudiants qui - c'est de leur âge - sont habiles à flairer l'air de leur temps. C'est le cas en particulier de Clara Cohen pour la promotion 2014-2015, avec un travail intitulé Politique et art urbain : dialectiques et enjeux. Cette étudiante cite en particulier avec a propos une prédiction étonnante d'Andy Warhol de 1986, qu'elle a trouvé dans un article de Marie Lechner pour Libération du 6 septembre 2013 : réagissant au développement de l'ordinateur, le roi du pop art avait prophétisé : « lorsque la machine sera assez rapide, les kids du graffiti s'en empareront sans aucun doute ».
Nous y sommes. L'art urbain (de préférence à Street-Art) a déjà investi la FIAC qui lui a consacré en 2014 le Quai de la Mode, de la Cité et du Design avec la collaboration du grand spécialiste français Nicolas Laugero Lasserre. A Munich au printemps et à Berlin en automne, la Stoke Urban Art Fair est désormais exclusivement consacrée à l'art urbain. Mais surtout, Clara Cohen montre comment la prédiction de Warhol est en train de se réaliser. Les artistes urbains utilisent de plus en plus les technologies numériques. Invaders en est un des pionniers : depuis longtemps, il a isolé un personnage d'un jeu vidéo et, grâce au web, l'affiche à travers le monde. L'heure est à l'étude des similitudes entre art urbain et internet : liberté d'expression et gratuité dont joue par exemple un artiste britannique, Insa, qui a créé le « GIF-iti » : il peint une oeuvre dans la rue, tout en la photographiant à chaque étape de la réalisation, il travaille ensuite ces photos sur son ordinateur, et produit enfin un montage vidéo dans lequel l'enchaînement des images donne un « graffiti vivant ». Une fois téléchargés, ses GIF-itis peuvent être accrochés au mur d'une galerie ou d'un particulier.
L'art urbain utilise aussi les réseaux sociaux. Les images peintes sur les murs des villes sont désormais capturées avec un simple téléphone mobile puis partagées sur les réseaux, pouvant ainsi toucher des millions d'internautes. « Les gens peuvent par exemple aimer les photographies sur Facebook, les regrouper selon des thèmes sur Pinterest ou encore les partager en ajoutant une touche artistique personnelle sur Instagram » écrit Clara Cohen avant de donner un exemple qui donne le vertige. Elle évoque en effet l'artiste berlinois Sweza qui rend aujourd'hui le street art « interactif et immortel ». Sweza crée une oeuvre et colle à côté un QR code qui subsistera même en cas d'effacement de l'oeuvre. Ce code barre numérique permet, une fois photographié par un téléphone, de visualiser l'oeuvre disparue. Ce processus ne demande que l'usage d'un smartphone, il associe complètement l'art urbain avec la culture numérique. On ne s'étonnera pas de ce que, depuis un an, Google a mis en service une base de données comportant déjà plus de 10.000 oeuvres de 3.500 artistes urbains à travers le monde. Le bon vieux street art était par définition éphémère : le voilà immortel ! Clara Cohen pose ici la bonne question : l'art urbain est-il fidèle à ses origines ? En s'insérant par différents moyens non seulement dans les nouvelles technologies, mais aussi dans le marché de l'art, n'aurait-il pas perdu son essence : la subversion ? « Le street art est aujourd'hui à un tournant de son existence » conclut-elle. C'est le moins que l'on puisse dire.
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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