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[verso-hebdo]
11-11-2021
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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Les cerisiers en fleurs de Damien Hirst |
Cela se passe à la Fondation Cartier et cela dure jusqu'au 2 janvier 2022 : on peut y voir les immenses tableaux de Damien Hirst sur le thème des cerisiers en fleurs. L'artiste dit que l'idée lui est venue à partir des amandiers en fleurs de Van Gogh et des tableaux de Bonnard vus à Paris, au Centre Pompidou, en 1984. C'est peut-être l'occasion de récapituler l'extraordinaire carrière de l'ancien leader des YBA (Young British Artists). La notoriété mondiale de Hirst, né en 1965, lui est venue avec l'exposition Sensation organisée par Charles Saatchi à la Royal Academy de Londres en 1997. Saatchi avait réuni quarante deux jeunes artistes, presque tous camarades de Damien Hirst au Goldsmith's College of Arts. Saatchi avait pris soin d'associer l'historien de l'art Norman Rosenthal en qualité de commissaire, pour donner une allure de sérieux à son entreprise. Le scandale fut si considérable que l'exposition accéda aussitôt à l'histoire de l'art. Dans son Histoire matérielle et immatérielle de l'art moderne (2004), Florence de Mèredieu remarquait en effet que l'indignation du public et des médias s'était largement cristallisée sur la participation de Damien Hirst qui exposait quelques-uns de ses animaux tranchés et conservés dans le formol, dont son requin intitulé The Physical Impossibility of Death in the Mind of Someone Living (1991).
L'un des éléments du scandale était le caractère insensé de la cote de Hirst dès ce moment. Mais 2008 a marqué un sommet inouï dans l'évolution de cette cote avec 381 oeuvres dispersées aux enchères pour 134 millions 738 980 euros. Damien Hirst avait agi sans son nouveau marchand, Larry Gagosian, qui ne lui en voulut pas puisqu'il organisa la présentation mondiale dans ses onze galeries, en 2011, des Spots Paintings. Il s'agissait de pois colorés réalisés par des assistants armés d'ordinateurs. Ils étaient intellectuellement légitimés par des auteurs-mercenaires (dont Ann Temkin, commissaire d'expositions au MOMA) alors que l'artiste déclarait au Figaro du 12 décembre : « si j'étais un étudiant en arts plastiques aujourd'hui, j'imagine que j'irai voir Damien Hirst à la Gagosian Gallery ou à la Tate, et je dirais : Fuck this ! ». On aurait dû faire attention aux titres donnés par Hirst à ses Spot Paintings : Plutonium en 1997, Opium en 2000, Diethylene Glicol en 2008 par exemple. Autrement dit des neutrons en ordre de bataille, prêts pour une opération d'irradiation, ou des hallucinogènes détruisant le cerveau. Damien Hirst se sait et se veut dangereux, au moins en apparence. Quand il proclame qu'il aime « l'idée de mêler le minimalisme à l'horreur de la chair », il exprime parfaitement la vérité de son système, hautement efficace pour réussir dans une activité qui s'appelait autrefois « épater le bourgeois ».
Le même bourgeois ne manquera pas d'être épaté par les énormes cerisiers en fleurs que l'artiste a peint lui-même (une vidéo en témoigne, qui le montre armé de grands pinceaux avec lesquels il projette des taches censées représenter les fleurs). Et ce serait donc de la peinture, que Damien Hirst affirme avoir toujours aimé ? Il me vient à la mémoire une phrase de Matisse à quelques uns de ses élèves et admirateurs : « si vous savez peindre, peignez. Si vous ne savez pas, faites grand »...
www.fondationcartier.com
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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