Les Peintres mexicains, 1910-1960, Serge Fauchereau, Flammarion, 256 p. 45 euro.
Frida Kahlo/Diego Rivera, l'art en fusion, Hazan, 224 p.
La peinture mexicaine, comme on a pu le voir lors d'une exposition organisée par l'auteur, Serge Fauchereau, au musée de Villeneuve d'Ascq, est d'une richesse extrême. Je regrette un peu qu'il n'ait pas commencé plus tôt et qu'il n'ait pas parlé de la période coloniale et révolutionnaire. Mais, après tout c'est un choix, qui nous montre quelles ont été les relations des artistes du Mexique avec les avant-gardes européennes (et nous les connaissons bien mal). L'essentiel de son ouvrage tourne autour de l'expérience muraliste, qui est sans doute sa plus grande originalité, d'autant plus qu'elle a pu s'exprimer assez largement dans les bâtiments publics de Mexico. David Alfaro Siqueros, José Clemente Orozco et Rivera en sont les principaux protagonistes. Puis il passe à la phase surréaliste avec Rufino Tamayo (qui a désormais son propre musée), pour arriver à surréalistes (dans lesquels il range Frida Khalo un peu abusivement) et le réalisme, l'influence de Picasso qui s'impose après guerre avec José Luis Cuevas, et l'apparition d'un art abstrait. C'est une excellente introduction à des expressions plastiques que nous connaissons que très partiellement.
L'exposition « Frida Kahlo/Diego Rivera », présentée au musée de l'Orangerie cet automne, nous l'avons déjà vue et revue maintes fois Rivera mériterait tout de même une exposition autonome, même si leurs oeuvres mettent en scène leurs amours tourmentées. Mais ne nous plaignons pas trop car cette fois on ne voit pas que ses oeuvres parisiennes ou inspirées par le cubisme. On peut découvrir des toiles peu connues de ses débuts et d'autres qui nous permettent de mesurer l'étendue de son talent. Quant à Fida Kahlo, on a la joie de découvrir certaines créations peu montrées, et qui ne sont pas la représentation de son drame personnel. En somme, nous arrivons à un équilibre dans la conception de cette exposition qu'on retrouve dans le beau catalogue. On y trouve de beaux portraits de sa main, qu'on peut confronter aux portraits, eux aussi très beau, de son mari. Dommage toutefois qu'on ait trop mis l'accent sur l'idolâtrie qui a entouré le mythe de Frida. Cela n'était pas nécessaire !
La Confrérie des chasseurs de livres, Raphaël Jerusalmy, Actes Sud, 320 p., 21 €.
Ce roman est assez singulier et passionnant. Il nous fait vivre les événements les plus saillants de la vie de Guillaume Chartier, un homme docte qui veut faire circuler en France ResPublica, un ouvrage publié à Mayence par Johann Fust. L'Eglise est contraire à cette idée et tente de le contrer. C'est alors qu'entre en scène le poète François Villon, qui n'a pas été pendu comme la chronique le rapporte. Il est chargé d'aller en Allemagne pour se procurer des livres recherchés et mis à l'index. Là, le libraire lui montre une édition rare, un incunable avec des caractères en terre cuite rapportée par un Juif revenu de la Terre Sainte. Afin de mener à bien sa quête, il part pour rejoindre Jérusalem et est bien reçu par des religieux. Mais il doit se méfier d'un habile négociant florentin sans scrupules, Federico Castaldi. Un rabbin cultivé lui vient en aide. Mais l'auteur du Testament est arrêté avec son complice Colin par le calife et ils se retrouvent en prison. Le calife le fait venir à sa cour, et lui demande de lui déclamer ses poèmes. Bien que le calife apprécie son talent et aime sa Ballade des pendus, il est menacé d'un procès et est sauver par les frères de Saint-Jean d'Acre payent sa rançon. Il rentre en France, laissant le soin à Colin d'emporter les livres qu'ils ont pu récupérer. Castaldi est parvenu à faire main basse sur ce trésor et, de retour à Florence, il le montre à Marsile Ficin, qui les présentera à Laurent de Médicis. Les livres sauvés (un plein chariot) n'arrivent pas à Paris. Quant à Castaldi, il est capturé par l'Inquisition et soumis à la torture. Sur ces entrefaites, Villon écrit de nombreuses exégèses des homélies. Il est parvenu à rapporter le Testament de Jésus. Et, après tant de mésaventures, il vend ce livre inestimable à un simple colporteur. L'histoire est invraisemblable et digne d'Alexandre Dumas. Mais on ne peut s'empêcher de se laisser prendre par les inventions de l'auteur et son sens aigu et plein de fantaisie de la narration.
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