Voyages imaginaires, Alberto Manguel, « Bouquins », Robert Laffont, 1376p., 32 euro.
Alberto Manguel est né en 1948 à Buenos Aires. Il a passé ses jeunes années à Tel Aviv, son père travaillant à l'ambassade d'Argentine. Il est rentré dans son pays natal à l'âge de sept ans. Il a travaillé dans une libraire, Pygmalion, où venait acheter des livres. Celui-ci étant déjà aveugle, il lui a demandé de venir lui faire la lecture. Tout en poursuivant ses études, il a été le lecteur du grand écrivain de 1964 à 1968, année où il s'est rendu en Europe. Il a mené une vie nomade en France, a voyagé en Italie, s'est rendu à Tahiti. Il a travaillé alors comme traducteur et journaliste littéraire, collaborant aussi avec des maisons d'édition. En 1982, il s'est installé à Toronto et a vécu vingt ans au Canada. Il a alors écrit pour différents jours canadiens, mais aussi pour The Time Literary Supplement, Village Voice, New York Times. Il a aussi écrit de nombreux essais et a écrit des oeuvres narratives à partir de 1991. Il a été directeur de la Bibliothèque Nationale de Buenos Aires pendant quelques années, comme Borges ! Pour évoquer ces voyages imaginaires a choisi d'exclure les oeuvres célèbres, comme L'Oddysee d'Homère, Gargantua et Pantagruel de François Rabelais, Don Quichotte de Cervantès, Le Voyage dans la Lune de Cyrano de Bergerac, qui réédité de temps à autre, et les grands livres du XVIIIe et du XIXe siècle, le seul regret étant qu'il n'ait pas opté pour l'Icosaméron de Giacomo Casanova.
J'ai apprécié le fait qu'il n'ait pas employé la formule des morceaux choisis mais plutôt d'un choix restreints d'auteur avec l'intégralité de leur oeuvre. C'est une très bonne idée, car la plupart d'entre eux sont introuvables et deux ont été traduits en français spécialement pour cette édition. Le premier auteur élis est Denis Vairas (ou Vairasse), né à Alès entre 1630 et 1640 et mort aux alentours de 1696. Il s'est engagé très jeune dans l'armée puis est devenu un jésuite qui devint pètre de Thorignymontaise, puis a étudié le droit (il a obtenu un doctorat) et d'est exilé en Angleterre en 1665. Son Histoire des Séverambres a paru en anglais à Londres en 1675 et ensuite en France en 16tre 1677 et 1679 en deux volumes. Il a ensuite été traduit dans différentes langues européennes au début du XVIIIe siècle. Ami de Samuel Pepys et e John Locke, il a été banni d'Angleterre et a combattu deux ans dans les Flandres dans les rangs de l'armée royale.
Son roman se déroule dans les terres australes dans ce qui serait un second Paradis créé après le Déluge universel, Il a conçu une monarchie sévère et austère (il ne faut pas oublié qu'il est protestant), où le mariage est obligatoire et où l'adultère est puni de dix ans de prison) ! Le plus drôle est que ses premiers lecteurs ont cru que ce royaume existait vraiment ! L'abbé Pierre-François Desfontaines (1685 à Rouen - 1745). Il abandonne sa cure pour se livrer à la littérature et publie en 1626 un Dictionnaire néologique. Voltaire l'avait sauvé à la fin du XVIIe de l'accusation de sodomie. Mais il ne s'est guère montré reconnaissant à son égard dans ses Observations sur les écrits modernes (1735) auquel Voltaire a répliqué trois ans plus tard avec Le Préservatif. L'abbé lui a répondu en 1738 avec Volrairomanie et, en 1739, avec Le Médiateur. Il est également l'auteur des Nouvelles du Parnasse (1731-1734). Il a été le traducteur des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift en 127, ce qui lui a inspiré la rédaction des Entretiens sur les voyages de Cyrus (1728) et surtout du Nouveau Gulliver, paru en 1730 et reproduit dans ce volume. Il s'agit delà vie du fils, John, fils du héros de Swift.
Le roman connut un franc succès et a été réédité à plusieurs reprises. La première île où aborde son personnage est Balibary, qui est l'île des femmes, où celles-ci gouvernent et sont guerrières, pirates, poétesses ou encore musiciennes. Il visite aussi l'île de Tilibet où le temps est condensé. Cela fait songer à The Life and Opinions of Tristram Shandy, gentleman, que Laurence Sterne va publier entre 1759 et 1767. Alberto Manguel a ensuite réhabilité Etienne Cabet (1788-1856), qui a été avocat à Paris. Il a commencé à s'intéresser de près à la politique en 1828. Il a été un carbonaro et a joué un rôle notable dans la Révolution de 1830. Il a ensuite rédigé n 1834 une Histoire de la Révolution française, qui a été réimprimée trente fois mais qui l'a contraint à émigrer en Angleterre. Il revient en France en 1839 avec le manuscrit de son Voyage en Icarie.Il le fait paraître sous le pseudonyme d'un écrivain anglais, Francis Adams. Il choisit alors pour titre : Voyages et aventures de lord William Carisdall en Icarie. Il a paru de nouveau en 1843. Il a aussi voulu traduire ses idées dans la réalité en créant une communauté icarienne, inspirée à la fois par le Nouveau Testament et par les écrits de Saint-Simon. Tout ce que son univers nous présente a de quoi surprendre. James De mille (1833-1880) est né dans la province canadienne du New Brunswick. Il a étudié à l'université Aecadia. Il a ensuite voyagé en Europe avec son frère (Angleterre, France et Italie). A son retour au Canada, il s'inscrit à l'université Brown (il obtient une maîtrise en histoire de l'art). Il devient professeur à l'université d'Arcadia.
Il a publié un nombre conséquent d'ouvrages d'aventure pour les adolescents et aussi des livres comiques, un peu dans l'esprit de Mark Twain. L'oeuvre qu'a retenu Manguel est L'Etrange manuscrit trouvé dans un cylindre de cuivre, qui n'a été publié qu'après sa mort dans la revue Harper's Weekly et réunit un volume en 1888. Il y raconte l'histoire de trois amis qui s'embarquent sur le yacht de Lord Featherstone qui navigue dans la région des îles Canaries. Ils découvrent dans le grand Nord les Kosékines dont la société très libérale mais avec de forts principes est à peu près le contraire de celle pensée par Thomas More Quant à Charlotte Perkins Gilman (1860-1935), elle a été surtout connue comme sociologue. Elle a produit une étude sur la folie, The Yellow Wallpaper (Le papier peint jaune) En 1898, elle fait paraître Women and Economics, qui a connu un énorme succès dans le monde. Elle est née à Harfort dans le Connecticut et a été élevée par une tante à Rhode Island après le départ de son père qui a abandonné la famille. Si sa scolarité a été chaotique, elle s'est fait remarquée par sa vivacité d'esprit. Elle est très tôt conquise par les idées des suffragettes. Elle entre ensuite à la Rhode Island School of Design. Elle épouse un artiste, C. W. Stetson. Peu après la naissance de sa fille elle est allée vivre en Californie.
Elle a divorcé en 1894. Pour vivre, elle donne des conférences. A partir de 1894, elle est le rédacteur en chef du magazine The Impress. En 1903, elle fait paraître The Home : it's Work and Influence. D'autres livres suivent, puis elle achève Herland : the Forerinner, qui est publié en 1915 d'abord sous forme de feuilleton. Dans ce roman féministe, elle image un monde où l'homme a un rôle inférieur. Elles contrôlent tout, dirigent tout, font tout, et parviennent à faire des enfants par parthénogénèse. S'il y a une grande naïveté dans la description de cette société qui serait l'image renversée de la nôtre, il y a aussi des thèmes tout à fait d'actualité aujourd'hui. La dernière des fictions est la création d'un grand écrivain juif hongrois, dont la famille s'était convertie à la foi luthérienne, Frigyes Karinthy (1887-1938), prolifique et talentueux romancier, poète, dramaturge, journaliste et qui aimait traiter ses sujets avec humour même s'ils étaient graves. Le titre choisit par Manguel est Capillaria, qui fait découvrir une société de femmes, les Oïhas. Les hommes sont inconnus dans ce monde-là (ils ont été réduit à l'état de petits animaux domestiques), le mobilier était surtout en chocolat et en sucre. Ce roman comique a paru en 1921 et on a traité son auteur de misogyne. Il commence par une lettre adressée à H. G. Wells. Il explique que son grand modèle pour écrire cet ouvrage a été Denis Diderot. C'est une oeuvre relativement courte, mais écrite de manière brillante et drôle, sans pourtant négliger le fait que la satire est un excellent moyen pour mieux faire entendre certaines vérités pas faciles à accepter. Avec ses Voyages imaginaires, Alberto Manguel nous a fait découvrir un pan de la littérature bien mal connu et nous a redonné le gour des romans utopiques.
De la curiosité, Alberto Manguel, traduit de l'anglais (Canada) par Christine Le Boeuf, Actes Sud, 432p., 25 euro.
Son projet, Alberto Manguel, le précise dès sa première phrase : « Je suis curieux de la curiosité.» Cela le conduit à rappeler le « pourquoi ? » des petits enfants. Il évoque ensuite la nécessité de l'imagination pour la survie de l'être humain. Et il consulte le dictionnaire étymologique de l'Espagnol Corvarrubias, achevé en 1611, qui précise que la curiositad est à la fois positive et négative. Il note que dans l'Ecclésiaste, il est recommander de ne pas aller au-delà de ses forces. D'où la nature ambiguë, selon lui, de la curiosité. A en croire Manguel, Dante a été le premier à avoir pousser la curiosité jusqu'à ses ultimes limites. Il rappelle que Boccace nous a dit que Dante envoyait ses poèmes à un de ses mécènes, Cangrande Scala et que ce dernier a tout reçu, sauf les derniers chants du Paradis. Da curiosité fait penser à la vanitas de Babel - la tour conduisant jusqu'aux cieux.
A part Virgile, sa plus grande source d'inspiration a été Thomas d'Aquin, celui qu'on surnommait le « Boeuf muet ». Longtemps plus tard, Hume s'intéresse à la curiosité et il la voit comme un simple moyen d'accès à la connaissance, alors que D'Alembert et Diderot renversent le terme en en faisant le moyen d'écorer le monde grâce à l'Encyclopédie. Il revient ensuite sur la question de l'enfance, n'ayant pas été curieux quand il a vécu à Tel Aviv. puis revient à Dante, qui fait figurer Ulysse dans sa Commedia. Mais il entend alors expliquer ce qu'a été la quête dans l'Odysée. Il rappelle aussi l'histoire de Pandore dont la curiosité a été dramatique. L'histoire traversa les siècles, et Joachim Du Bellay compare Rome à Pandore. Il fait aussi état de l'aventure de Jason. Quant à Dante, sa quête est métaphysique. Enfin, il montre comment fonctionne cette curiosité, qui va de recherche des confins di monde jusqu'aux machines de la Renaissance - la curiosité a en partie changé de sens. La progression de la forêt obscure à l'Empyrée. Puis il montre comment François Rabelais s'est gaussé avec jubilation de la philosophie scolastique et qu'il a jugé que notre curiosité doit être tournée vers la terre.
Enfin, il en revient à Socrate, à Platon et aux sophistes. L'ouvrage de Manguel ne procède pas d'une manière strictement logique. Une idée, un personnage, un excursus l'entraîne à de nouvelles divagations, qui sont cependant très construites. Il consacre un très long chapitre à la Torah et au Talmud (en passant par la kabbale) et à ceux qui les ont étudiés, de Maïmonide à Aboulafia. Il consacre aussi un très long passage (passionnant) au langage et à ses origines. En somme, son livre n'est plis une recherche sur la signification de la curiosité dans diverses cultures et à diverses époques, mais quelles ont été ses propres curiosités -, leur genèse et aussi leurs objets de prédilection. Il a fait là une sorte d'autobiographie de ses quêtes culturelles, surtout littéraires, linguistiques et philosophique, même si la poésie y tient une place de choix.
C'est un livre d'une immense érudition, mais aussi une réflexion en roue libre, où les données déjà traitées sont ensuite placées dans une autre situation cognitive. Ce n'est pas un guide pour penser, mais une façon qu'on épit avoir le droit de poursuivre pour que sa pensée se développe selon un cheminement singulier et parfois un peu déroutant. C'est un grand livre, qu'on peut lire par bribes en intégrant ce qu'on peut y moissonner dans les rouages de sa propre réflexion. C'est éclairant et plein de surprises, de découvertes, de développements qu'on 'aurait pas suivis. C'est vraiment le livre d'un homme qui ne cherche pas un système, mais qui part à la conquête de soi - un peu comme Montaigne, mais dans une autre optique et à une autre époque. Il est évident que Montaigne est son grand paradigme car lui non plus s'est fait plus curieux de toutes choses et de soi que des thèses de la philosophie.
La littérature est ma vengeance, conversation, Claudio Magris / Mario Vargas Llosa, traduit de l'italien par Jean et Marie-Noëlle Pastureau / traduit de l'espagnol (Pérou) par Albert Bebsousan & Daniel Lefort, « Arcades », Gallimard, 98p., 12 euro.
La grande littérature italienne est quasiment orpheline. Depuis qu'Andrea Camilleri (qui n' pas été seulement le créateur du commissaire Montalbano) ait quitté il y a quelques mois, il ne reste plus que Claudio Magris (né en 1939 à Trieste). Bien entendu, il y a une nouvelle génération d'écrivains de qualité, mais aucun n'est encore parvenu à la hauteur de ses illustres aînés. L'après guerre a été particulièrement riche dans le domaine de la poésie et du roman puis les choses sont allés en se dégradant peu à peu et bientôt il n'y avait quasiment plus personne pour émerveiller les lecteurs. Claudio Magris est parvenu à concilier très jeunes une belle carrière universitaire comme germaniste, une entrée précoce au Corriere della Sera de Milan (il y a travaillé quarante ans), une brillante carrière à l'université de sa ville natale et enfin, le début d'une carrière littéraire qui a commencé da manière apparemment modeste par une nouvelle avec L'Histoire d'un sabre paru en 1984, après avoir publié sa thèse en 1963, Le Mythe et l'empire dans la littérature autrichienne. A l'époque, on l'imaginait comme un grand spécialiste de la culture de la période austro-hongroise. Mais la rédaction de Lontano di dove. Joseph Roth e la tradizione ebraico-orientale, publié en 1971 a déjà marqué un tournant dans ses recherches. Puis sont sortis de presse des livres qui vont véritablement l'affirmer, comme Danubio (1986, prix Bagutta) et Microcosmi (1997, prix Strega).
Dans ces deux derniers livres, il mêle la connaissance et le voyage - voyages réellement accomplis mais qui deviennent quasiment des oeuvres de fiction. Et tout cela en plus de ses recueils d'articles ! Il n'a écrit que quelques nouvelles et deux romans, A l'aveugle (2005) et Classé sans suite (2015). Et pourtant son oeuvre est considérable et protéiforme ; avec pièces de théâtres, essais courts, diverses collaborations. De plus, il s'est lancé dans les discours éthiques et a été deux ans sénateur ! Claudio Magris n'est pas un esprit embrassant tous les champs de la connaissance, mais espère trouver dans ses circumnavigations des vérités qui ne sont pas universelles, mais néanmoins assez solides pour donner une image de l'homme et de la femme moderne. Ce dialogue a eu leu au Pérou, au sein de la bibliothèque nationale de Lima en 2009. Ils ont bien voulu aborder la question du « roman, culture, société ». La littérature a peut-être pour fonction de découvrir ce no man's lande de l'âme. Cela peut être un instrument exceptionnel pour mettre en ordre la réalité. Magris se demande s'il n'y a pas un effet de vases communicants entre la réalité et l'imaginaire. Il choisit l'exemple de Don Quichotte, qui vaudrai prendre un pat à barbe pour le heaume de Mambrin - cela reste un vulgaire plat à barbe. C'est donc un perdant par définition.
Le rapport entre la littérature et le monde est dynamique - l'écriture invente ce monde Et il et l'engagement doit le changer. Il voit dans les écrits de Vargas Llosa une très forte tension, identique à la sienne. L'écriture a très bien pu trouver sa place dans une description des événements historiques ou dans des pamphlets comme l'a fait Victor Hugo. Et cela vaut aussi pour l'écrivain péruvien. Chez lui, par exemple, ne compte pas forcément ce qui contribue à la politique des hommes. Elle existe soit dans l' »infirmité incurable », soit dans sa composition du monde. Ce qu'a fait Joseph Conrad dans Lord Jim. Il ne cherche pas à sauver ceux qui vont se noyer. Mario Vargas Llosa est conscience que l'écrivain se trouve face à une sévère frustration quand il rentre dans le monde. Mais il reste persuadé qu'une société imprégnée de roman est plus forte pour ne pas être soumise. Pour lui, écrire un roman, c'est ménager des sasses, et donner à l'histoire des directions, mais aussi fantasmer des périodes en vue de la liberté. Pour Magris, l'humanité se perd dans le parcours de l'Odyssée. Pour Llosa, c'est l'affirmation de l'aventure en tant que élan de l'être.
Magris note plus tard que Italo Svevo se lamentait que la grammaire ne donnait pas à l'écrivain 'outil dont il a vraiment besoin car il correspond à des temps purs. Claudio Magris s'étonne que des écrivains puissent suivre le sillons d'idéologues criminels (Pirandello, Knut Hamsun, Céline, entre autres). Llosa est persuadé qu'il faut poursuivre le cheminement vers la politique, aussi nauséeux soir la rencontre. Magris, constate que le bon sens va à vau l'eau... Impossible de résumer ces propos serrés et qui ont été produits dans la rapidité. Mais, in lisant ces conversations avec lenteur et circonspection, nous serions en messire de découvrir le vrai sens de la littérature.
Une affaire italienne, Carlo Lucarelli, traduit de l'italien par Serge Quadruppani, Métaillé, 192p., 19 euro.
Carlo Lucarelli (né à Parme en 1960) est un cas dans le genre du roman « giallo » en Utalie (dans ce pays, on ne parle pas de roman noir, mais de roman jaune, car la première collection d'ouvrages de ce genre : elle a été créée par l'éditeur milanais Mondadori, qui a choisi une couverture jaune). Carlo Lucarelli est sans doute est des auteur de ce genre de fiction dans son pays, mais aussi à l'étranger. Sa manière de traiter ses sujets est assez paradoxale, car ses histoires sont somme toute assez « classiques », mais il a le don d'introduire des éléments singuliers qui donne à chacune d'elle sa spécificité. Dans le cas présent, le commissaire de Luca est choisi pour mener une enquête sur un délit survenu à Bologne : l'assassinat d'une femme d'universitaire nouée dans sa baignoire.
C'est un homme qui a une grande réputation de fin limier. Mais il a derrière lui une histoire trouble qui remonte à l'époque du fascisme alors qu'il faisait ses débuts. Ce doute qui plane sur la personnalité du dottore fait apparaître une intrigue à l'intérieur de l'intrigue principale. Son écriture est vive, rapide et répond aux nécessités éprouvées par les codes imposés par la narration de ce type d'ouvrages et depuis longtemps. Ce genre exige un style véloce et simple. La lecture ne doit être entravée par rien qui puisse en freiner le déroulement. L'enquête est menée tambour battant, mais notre attention est tenue en suspens car il y a cet autre histoire qui est liée à l'histoire de ce valeureux fonctionnaire de police (il faut aussi rappeler que les événements narrés se déroulent en 1953). Ce qui est très étrange dans ce livre, c'est que l'enquête passe quasiment au second plan. On est plus monopolisé par ces derniers jours de décembre qui précèdent et suivent le jour de Noël que par le meurtre proprement dit.
Ce qui frappe le plus ici, c'est que deux affaires se concurrencent (le crime, bien sûr, mais aussi la passé sulfureux du commissaire). Au fond, on n'aboutit pas à une conclusion définitive d'aucune des deux questions majeure soulevées dans ces pages, Mais peut-être qu' bout du compte le véritable centre d'intérêt de ce roman est peut-être l'amour qu'éprouve le policier d'alite pour une jeune chanteuse de jazz ? Cela rend Une affaire italienne un livre des plus curieux et finalement attachant.
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