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[verso-hebdo]
26-04-2018
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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Dominique Renson, visages de l'émotion |
L'église Saint-Merry vient d'accueillir une exposition remarquable de Dominique Renson. Cette expérience mérite d'être signalée car les responsables de cette paroisse connue pour sa proximité avec l'art vivant ne demandent pas aux artistes de produire de « l'art sacré » mais des oeuvres fortes, éventuellement dérangeantes, susceptibles de susciter chez le visiteur émotion et réflexion. Dominique Renson a précisément intitulé l'ensemble de ses tableaux « figures de l'émotion ». C'est particulièrement évident quand elle aborde le visage du Christ dans une série dont trois numéros au moins sont inspirés des visages christiques de Rembrandt qui en réalisa au moins huit. Dominique Renson, comme Rembrandt, ne fait pas de portraits mais bien des visages. Rembrandt prenait pour modèles de jeunes juifs d'Amsterdam, des sépharades venus d'Espagne et du Portugal, qui lui paraissaient proches de l'image du Suaire de Turin (conservé depuis 1578 à Turin). Dominique Renson a dû surtout observer ceux du Metropolitan de New York et du musée Bredius de La Haye : elle les traduit à sa manière tout en conservant l'intensité émotionnelle obtenue par le peintre mennonite du XVIIe siècle.
Mais Dominique Renson ajoute des visages très divers d'hommes contemporains qu'elle a choisis parce qu'à ses yeux, le Christ aujourd'hui leur ressemblerait peut-être. « J'essaye d'exprimer les différents aspects du caractère du Christ dit-elle : son humilité, sa douceur, sa vulnérabilité, sa marginalité, ses préoccupations profondes. » Le visiteur est libre alors de se sentir incité à voir dans n'importe quel visage rencontré celui de Jésus lui-même. On sait que Dominique Renson dispose d'un prodigieux savoir-faire pictural qui lui permet de diversifier ses thèmes. Après les « Christs en ville », on pouvait donc voir des « Cérémonies » et des « Passions ». Deux éléments unissaient la plupart de ces tableaux : un banc donné par l'église proche de son atelier de la rue Alain, Notre-Dame du Travail, et les fonds d'un noir monochrome intense. Il s'agissait de peintures à l'huile sur toile de lin enduite de colle de peau de lapin, une technique traditionnelle adoptée par l'artiste.
Une vaste composition Sans titre dominait l'ensemble, qui évoquait les piétas si nombreuses dans l'histoire de la peinture depuis celle d'Enguerrand Quarton, dite Piétà d'Avignon, dont Dominique Renson reprend le bras droit du Christ raidi et tombant à terre. Deux jeunes femmes modernes ont pris la place de la Vierge Marie et de Marie-Madeleine. La première figure est à dominante blanche, la seconde porte une robe rouge. L'homme qui a pris la position du Christ de Quarton est vêtu d' un pantalon noir. Catherine Charvet, qui signe le texte de présentation de l'exposition, observe que Dominique Renson poursuit de nos jours « cette démarche d'humanisation du Christ par la peinture qui est allée assez loin avec Albrecht Dürer notamment dans son autoportrait daté 1499. » Dominique Renson actualise en effet avec une forte intensité, principalement par sa façon crue de s'emparer des corps, les thèmes de la peinture religieuse quelque peu ensevelie de nos jours dans l'ombre et la poussière des églises. Elle a réveillé de la sorte Saint Merry, et surtout stimulé les visiteurs nombreux à franchir ses portes largement ouvertes sur la rue.
www.dominique-renson.com
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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