Les expositions d'art contemporain se multiplient en France à l'approche de l'été : c'est réjouissant, mais elles ne sont pas toutes réalisées sérieusement, et c'est dommage pour les artistes qui font confiance à des organisateurs certainement pleins de bonne volonté, mais dépourvus de compétence. Ainsi le critique d'art qui veut visiter l'exposition en cours au château de Vogüé est-il refoulé à l'accueil. L'association « Vivante Ardèche » responsable n'a pas prévu la gratuité pour les détenteurs d'une carte de presse, pas plus qu'elle n'a réalisé de dossier de presse ou simplement prévu un livre d'or permettant aux visiteurs de donner leurs impressions. Tant pis pour l'artiste ! Au contraire, le même critique d'art se voit aimablement invité à entrer au Centre d'art Campredon de L'Isle-sur-la-Sorgue et on lui remet un dossier de presse fort bien fait. Tant mieux pour l'artiste, Hilary Dymond en l'occurrence, dont il est possible de commenter le travail.
On connait l'hôtel Donadéï de Campredon, somptueuse demeure du XVIIIe siècle, édifié en 1746 par l'architecte du lieu, Esprit-Joseph Brun, pour le compte de Charles-Joseph de Campredon. La ville a acquis l'hôtel en 1978 et a transformé ses vastes pièces en cimaises offertes à des artistes de qualité, parmi lesquels Ernest Pignon-Ernest ou Albert Bitran. Ce printemps, jusqu'au 17 juin, la commissaire, Claire Gastaud, directrice de la galerie qui porte son nom à Clermont-Ferrand, présente l'une de ses artistes, Hilary Dymond sous le titre Landscape (paysage). Cette seule dénomination a un parfum de provocation : quoi, une artiste qui ose pratiquer la peinture au XXIe siècle, et le paysage de surcroit ? Eh bien oui, il s'agit de savoureuses peintures, exécutées avec science, sans la moindre figure, qui fonctionnent par séries de manière à nous parler de l'amour de l'artiste pour la mer, les forêts, les glaciers ou Venise, mais pas seulement et pas essentiellement, car c'est de la seule peinture qu'il est question.
Hilary Dymond est née en 1953 à Blackwood au Pays de Galles. Elle a commencé ses études artistiques à Londres, puis les a achevées à l'Ecole des Beaux Arts de Lyon dont elle est diplômée. Elle n'a plus guère quitté la France, notamment le littoral méditerranéen dont elle saisit des fragments avec sensibilité, sans se faire d'illusions sur l'accueil qui lui serait réservé. « J'ai choisi la peinture très tôt. C'est un mode d'expression vieillot, confie-t-elle à Claire Gastaud, vraiment déconsidéré en France. Pendant mes études, j'en ai été dissuadée, avec une certaine violence. Trop souvent, j'ai entendu « trouvez d'autres moyens de vous exprimer, Madame. » Dieu merci, elle a résisté, a rencontré une marchande capable de la défendre, et le résultat est là : une magnifique démonstration des pouvoirs spécifiques de la peinture. Que l'on entende bien son message : il ne s'agit pas pour Hilary Dymond de traduire on ne sait quel émerveillement face au paysage, mais de la découverte de motifs qui ont invité l'artiste à les traduire picturalement. « J'éprouve le paysage, sa grammaire. Si le motif est riche, si je me familiarise avec son langage, je poursuis la série pendant quelques mois, voire plusieurs années... » Du beau travail, en vérité, par une artiste exigeante, qui refuse de réaliser toujours la même chose et préfère se mettre en danger à intervalles réguliers.
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