Van Gogh à l'oeuvre, sous la direction de MarijeVellekoop & Leo jansen , Van Gogh Museum/Actes Sud, 304 p., 55 €.
La littérature sur Van Gogh est vertigineuse. S'il fallait choisir un livre entre cent, celui-ci me paraît le mieux approprié. Les auteurs ne nous racontent pas une fable (qui est devenu une somme de lieux commun et d'extrapolations absurdes sur un destin d'artiste), mais plutôt l'évolution d'un travail. Et là, on se rend compte que Van Gogh a beaucoup travaillé, qu'il n'a jamais cessé d'étudier et que chaque pas accompli a été le fruit d'un grand effort. L'artiste était un homme sérieux, appliqué, discipliné, qui cherchait de trouver son style en faisant de nombreuses copies et en regardant ce qu'il se faisait de plus audacieux autour de lui. Le livre nous permet de découvrir de nombreuses études, dessins et peintures que nous ignorons tout à fait. Chaque moment de ce parcours est commenté avec la plus grande précision et l'ouvrage se révèle une incroyable source d'information. C'est un petit bijou pour l'histoire, mais aussi pour l'amateur éclairé. De plus, il contient de nombreux documents écrits, des photographies des lieux où il a séjourné, sur l'élaboration de toiles devenues célèbres. Ce devrait devenir le vade-mecum de quiconque éprouve l'envie de mieux connaître Van Gogh dans sa vérité de créateur, qui passe par de nombreuses recherches et d'aussi nombreux exercices. Ses débuts nous révèlent des compositions inconnues. Ses années d'apprentissage sont passionnantes. Et les auteurs nous guident de manière judicieuse en s'abstenant de succomber aux sirènes de la mythologie de carton-pâte qu'on a construite autour du peintre. Van Gogh à l'oeuvre mérite vraiment d'être saluer non seulement comme outil de travail, mais comme un grand livre sur un grand personnage de l'art.
Toscane [1], Damien Wigny, Fonds Mercador, 976 p., 39, 95 €.
Encore un guide ! Me suis-je exclamé en recevant ce gros ouvrage. Mais quel guide ! C'est une petite merveille. Il ne concerne que quatre cités de la Toscane, Arezzo, Cortone, Casentino et Sansepolcro. Comme de ces quatre lieux je ne connais qu'Arezzo, j'ai pu apprécier la qualité du travail accompli. Non seulement l'auteur n'oublie rien des merveilles que recèle cette petite ville où le temps semble s'être arrêté, mais il sait les décrire avec le plus grand soin. Il nous emmène visiter les fresques de l'Histoire de la Sainte-Croix à San Francesco, mais aussi d'autres églises extraordinaires comme Santo Maria delle Piave, qui possède un retable magnifique de Lorenzetti. Puis nous le suivons dans la demeure de Giorgio Vasari et celle de Pétrarque. Le tout est agrémenté d'articles assez développés et érudits sur la culture de la Toscane ancienne. C'est une vraie merveille !Il faut souhaiter que les éditeurs continueront à publier ce genre de guide qui manque beaucoup car tout ce que nous avons à nous mettre sous la temps est ou médiocre ou trop superficiel et incomplet. Avec cet instrument en main, on peut découvrir la Toscane et véritablement la connaître.
Michelangelo Pistoletto, Année I - Le Paradis sur terre, Actes Sud/Louvre Editions, 180 p., 39 €.
Le musée du Louvre est devenu une annexe du Centre Pompidou. C'est étrange. Les artistes célèbres, surtout étrangers (je dis cela sans la moindre xénophobie) y sont exposés et donc consacrés. Il y a eu Kiefer, Jan Fabre, et bien d'autre. Aujourd'hui c'est Pistoletto qui prend possession de l'illustre palais. Les miroirs se trouvent partout ! Comme l'artiste a utilisé des oeuvres anciennes, comme la célèbre Venere agli stracci, on le voit utiliser des ouvrages antiques du musée. Le signe de l'infini qu'il s'est inventé (il inclus le nombril d'une Vénus ! ) est même reproduit sur la pyramide de Pei. Et le catalogue, en dehors de son prix excessif, est une vaste apologie de ce vieil artiste italien, qui a été un des grands créateurs de l'Arte povera. Pourquoi cette politique s'est-elle développée à ce point ? C'est un vrai mystère. Pistoletto ne me choque pas en soi -, c'est un créateur de grande valeur, même s'il a fini, comme beaucoup de ses contemporains, a se répéter de manière excessive. Mais on se demande pourquoi diable nous n'avons plus au Louvre qu'à de rares expositions, que des expositions minuscules et souvent indigentes d'art d'autrefois !
|