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[verso-hebdo]
30-10-2014
La lettre hebdomadaire
de Jean-Luc Chalumeau
La gloire de la FIAC
L'année dernière, je rendais compte de l'après-midi dite professionnelle de la FIAC (qui précède le vernissage, pour lequel, pendant ce temps-là, une longue file d'invités attendent patiemment leur tour d'entrer, confortant les « professionnels » dans la certitude de leur supériorité) et je notais en particulier que les galeristes avaient droit à une bouteille de champagne Ruinart. Cette année, c'était encore mieux : ils recevaient chacun un élégant double seau en verre contenant, dans la glace, deux flûtes et deux bouteilles du précieux champagne à « l'allure Grand Chic et audacieuse, un monde d'esthétique et d'élégance intemporelle » comme l'indiquait avec une relative sobriété le dossier de presse. Reconnaissons que, pour 545 euros le mètre carré, les 191 marchands présents sous la sublime verrière du Grand Palais méritaient bien quelques petits cadeaux, dont une pochette Guerlain contenant un flacon du célèbre parfumeur. Passons... et constatons que, pour son édition 2014, la FIAC s'est surpassée (elle s'est chargée elle-même de quelques expositions off de prestige à sa périphérie, étouffant de ce fait ses concurrentes habituelles) et que sa directrice, la redoutable Jennifer Flay, pouvait légitimement assurer que « le renom de l'évènement, son empreinte à Paris et son rayonnement à l'international continuent de croître... ». Cela dit, il me semble qu'il y avait tout de même un problème.

Une phrase est inscrite depuis 1900 dans la pierre du fronton de l'aile ouest du Grand Palais : « Monument consacré par la République à la gloire de l'art français ». On pouvait donc s'attendre à ce qu'une majorité de galeries françaises et éventuellement étrangères aient mis en valeur les meilleurs représentants, toutes générations confondues, de l'art en France (pour ne pas reprendre l'expression un peu désuète d' « art français »). Mais ce n'est pas du tout cela que l'on a observé : 45 galeries des Etats-Unis et 14 galeries anglaises, soit 59 anglo-saxonnes (sans parler des 26 allemandes) tenaient la dragée haute aux 50 françaises. Encore la FIAC avait elle inséré parmi ces dernières, par exemple la Marian Goodman Gallery (de New York et Londres) parce qu'elle a une succursale à Paris. Bref, Jennifer Flay voulait le plus possible de galeries américaines, seules susceptibles à ses yeux d'assurer la gloire internationale de sa foire. Résultat, bien noté par Harry Bellet dans Le Monde du 23 octobre : « On voit aussi cette année beaucoup de pénibles peintures abstraites ou figuratives, matiéristes ou gestuelles, apportées par des galeries américaines de second ordre dont la présence ne semble justifiée que par leur nationalité. »

C'est donc sans trop d'illusions que l'on cherchait la présence réellement visible d'artistes français, puisque les galeries américaines présentaient des américains, les italiennes des italiens, les belges des belges et la plupart des françaises... un peu de tout, les français étant l'exception. Si, tout de même : un one man show d'un français était organisé par la galerie Applicat-Prazan qui revendique son « hyperspécialisation dans l'Ecole de Paris des années 50 ». Pourquoi pas ? Après tout, si Soulages est toujours une grande vedette, Manessier ou Estève méritent de ne pas être oubliés. Hélas ! C'est Georges Mathieu que Franck Prazan, né en 1966, ancien directeur général de Christie's France, a choisi de mettre en avant. Il est vrai que l'incandescent Mathieu a fait pire que les peintures des années 1948-1959 présentées à la FIAC (par exemple L'impératrice Irène fait crever les yeux de son fils Constantin VI, 1956 ou Massacre de Louys de Bourbon, Evêque de Liège, 1957). Ces titres ronflants attribués à des abstractions « lyriques » exécutées en quelques minutes ne sont pas seulement ridicules. Ils rendent compte de l'extraordinaire prétention d'un peintre abstrait médiocre qui réussit à faire illusion en son temps grâce à son incroyable bagout. Je me souviens d'une visite que je lui avais faite avec quelques un de mes étudiants dans les années 60. Il s'était lancé dans un exposé sur l'histoire générale de la civilisation qui commençait par Praxitèle et culminait en arrivant à lui-même, artiste d'exception et, proclamait-il avec une emphase inimitable, mathématicien de l'Ecole de Bourbaki. Les étudiants retenaient tant bien que mal leur fou-rire. Le même fou rire qui menace le visiteur du stand Applicat-Prazan dans une FIAC par ailleurs peu sensible à la vocation du lieu inscrite au fronton de son aile ouest...

www.fiac.com
J.-L. C.
verso.sarl@wanadoo.fr
30-10-2014
 

Verso n°136

L'artiste du mois : Marko Velk

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Christophe Cartier

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