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[verso-hebdo]
30-11-2023
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La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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Berthe Morisot et l'art du XVIIIe siècle |
Nous savions dans quel milieu raffiné de collectionneurs a vécu Berthe Morisot grâce à la belle exposition consacrée à sa fille, Julie Manet (octobre 2021). Nous savions aussi que Berthe fut un peintre impressionniste de première importance depuis l'exposition du musée d'Orsay (juin-septembre 2019). Les commissaires s'appuient sur le fait que Morisot a peint en 1884 une grande huile sur toile (114 x 138 cm) d'après François Boucher sur le thème « Vénus va demander des armes à Vulcain ». Vénus est nue, naturellement, et le tableau qui fourmille de touches virevoltantes aux tons sucrés bleus et roses est fort séduisant. On disait aussi, naguère, que Berthe était liée familialement à Fragonard. C'est absolument faux et une vitrine l'atteste sans ambiguïté. Alors pourquoi faire venir du Louvre la célèbre Leçon de musique du maître ? Le catalogue parle d'une esthétique du quotidien et du beau monde et cite, de Morisot vers 1875-1880, Jeune femme arrosant un arbuste (Richmond, Virginia Museum of fine ars) ou Femme en gris debout ( collection particulière) accrochés a côté de peintures et dessins à la sanguine signés Watteau et Fragonard. Ce n'est guère convaincant.
On nous montre encore un Morisot d'après François Boucher de 1892 : Apollon révélant sa divinité à la bergère Issé car il appartient au musée. On aurait préféré que ce dernier fasse venir un authentique chef d'oeuvre de Morisot depuis le musée Fabre de Montpellier : La jeune femme assise devant la fenêtre (1879). Un tableau exceptionnel par la vigueur de la touche répartie sur toute la surface dans toutes les directions : l'autorité avec laquelle est traité, en particulier, le chemisier de la jeune femme ne le cède en rien aux meilleurs travaux de ses amis impressionnistes, ni même à Manet. Exceptionnel aussi par le caractère formel de la figure : cette jeune femme est certes ravissante, mais elle est d'abord prétexte d'une mutation radicale dans le traitement de la figure dans la peinture occidentale.
Berthe Morisot a en effet l'audace de rompre avec l'anthropocentrisme en vigueur depuis la Renaissance, et fait de son modèle un simple fragment de nature. La jeune femme se fond dans le décor, un jardin vu d'une porte-fenêtre auquel elle tourne le dos. Le fauteuil sur lequel elle est assise, la tenture et elle-même, dont on ne sait si un groupe de fleurs appartient à sa coiffure ou au buisson qui l'entoure, tout est traité de la même manière et littéralement sur le même plan. Ce tableau est ainsi bien davantage qu'un splendide morceau de peinture : il apparaît comme le fruit d'une réflexion novatrice sur les rapports de l'être humain et son environnement. C'est infiniment plus moderne que l'oeuvre du maître près de qui elle aurait appris la peinture, Camille Corot, et de toute façon François Boucher est très loin...
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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