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[verso-hebdo]
13-02-2014
La chronique
de Gérard-Georges Lemaire
Chronique d'un bibliomane mélancolique

Contes ineffables, Gérard Garouste, galerie Daniel Templon, 80 p.

Gérard Garouste poursuit son introspection dans une nouvelle série de tableaux et de sculptures en bronze auxquels il a donné le titre générique de Contes ineffables. Et ineffables, ils le sont ! Il y a des contes, mais aussi des fables, des rêves éveillés, des hallucinations, des anamorphoses, des cauchemars. Et le peintre s'y représente souvent, d'une manière drolatique et grotesque. Depuis quelques années, il n'a pas eu peur de lancer un défi à la peinture et, de ce fait, à ceux qui l'aiment : ses compositions ne sont pas faites pour plaire. Je dirais même : au contraire. Lui qui a toujours aimé prendre son art en opérant des renversements et des contaminations, il a maintenant l'envie de peindre ce qu'il recèle au plus profonde de son être, ce qui le tourmente, le blesse et l'entrave dans son travail. Mais, au lieu de choquer ou de repousser, ces oeuvres étranges fascinent et finissent par convaincre. S'il va jusqu'au point où la peinture ne peut plus aller, nous l'y suivons, un peu apeuré, comme Dante suit Virgile. Son monde est un enfer qui présente des aspects comiques et franchement ridicules, ce qui le dédramatise qu'en partie et qui le rend plus difficile encore à aborder et à pénétrer.




Ulysse, James Joyce, traduit et édité sous la direction de Jacques Aubert, « Folio classique », 1664 p., 12,50 euro.

Je ne ferai pas l'injure au lecteur de commenter en quelques lignes Ulysse de James Joyce. Je me contenterai de m'interroger sur la figure de Leopold Bloom, qui est loin d'être comparable à Ulysse dans l'oeuvre d'Homère. Pourquoi avoir choisi un Juif ? Telle la question que je me poserai. Certes un Juif issu d'un père qui s'est converti au protestantisme, mais qui n'en a pas moins conservé quelques réminiscences des rites hébraïques et des règles protestantes et cultive un vague sentiment de culpabilité puisqu'il fait des entorses autant à son ancienne religion qu'à sa nouvelle. Bloom est un être peu plaisant, ancré dans la matérialité, même d'une façon obscène. C'est l'exact opposé de Stephen Dedalus (incarnation lointaine de Télémaque). La première scène où il apparaît, il déguste un plat qui semble bien peu ragoûtant. Et puis c'est un voyeur, un onaniste, un impuissant « en puissance », en somme un être vil et médiocre. Sa femme le trompe, il le sait bien, mais ne tente pas de mettre fin à l'adultère. Il subit, il courbe l'échine. Ce Bloom-là est peut-être l'idée que Joyce se fait de lui-même en tant qu'homme de chair et de sang, avec tout ce que cela comporte d'organique. Mais on ne peut éprouver de sympathie pour cet individu qui nous rappelé trop notre basse condition. Il demeure une sorte de mystère et s'il y a chez Joyce une curieuse dimension rabelaisienne, chez lui, la chair est triste. Dans cet ouvrage polymorphe, qui est une satire féroce de la littérature « classique », un coup bas porté à l'esthétisme de son temps, Joyce a forgé cet être qui est un monstre qui a le défaut suprême de nous ressembler un peu trop !




Le Prince en représentation, Jérémie Koering, Actes Sud, 416 p., 34 euro.

Remarquable et profitable étude que celle de Jérôme Koering qui nous fait découvrir l'histoire des décorations du palais ducal de Mantoue. Si on suit son raisonnement initial, tout commence peut-être par un problème et de politique et de prestige : la dynastie des Gonzague n'est à la tête que d'un marquisat. Il leur fallait faire croître leur pouvoir, leur importance et leur richesse territoriale. Et il fallait aussi, en même temps, faire ma monstration de leur puissance. Il est vrai que la cour de Mantoue avait déjà eu ses lettres de noblesses avec Isabelle d'Este. Mais c'est sous le règne de Frédéric II que les choses vont changer de manière radical : grâce aux efforts diplomatiques de sa mère et de Baltassare Castiglione, il parvient à se faire nommer capitaine des Etats pontificaux et se placer néanmoins sous la protection de l'Autriche de Charles-Quint. Même lorsque ce dernier met à sac Rome, il parvient à préserver une paradoxale neutralité. Il obtient le titre de duc tant convoité et s'empare du Montferrat. Giulio Romano a été chargé de diriger les aménagements des nouvelles parties du palais, qui prend une telle extension qu'on l'a comparé à une ville. Sous le règne de Guglielmo, d'autres artistes de renom sont appelés comme Jacopo Tintoret. Le chantier fait l'admiration des visiteurs princiers. Tout l'intérêt de la recherche de l'auteur n'est pas seulement de décrire l'évolution de ces constructions et décors, mais aussi étudier les fondements philosophiques esthétiques et politiques de cette entreprise inouïe. Si l'on connaît déjà bien les programmes iconographiques qui ont été réalisés en ce lieu, on en comprend ici les raisons et les transformations au fil du temps. C'est une études indispensable pour quiconque entend comprend les derniers feux de la Renaissance en Italie.




La Fin de l'exil, Henry Roth « Points signatures », 576 p., 11,20 euro.
Requiem pour Harlem, Henry Roth, « Points signatures », 416 p.


Des Roth, en littérature, nous en connaissons bien deux de grande valeur : Joseph Roth, l'auteur de la Crypte des capucins, et Philip Roth, l'Américain, qui a scandalisé avec Portnoy et son complexe. Mais l'on connaît moins bien Henry Toth (1906-1995), né en Galicie, comme Joseph Roth, ses parents émigrent aux Etats-Unis en 1909 et il a passé son enfance à New York. Son premier, Call it Sleep (L'Or de la terre promise). Il ne connaît le succès et son éditeur met la clef sous la porte. Alors il se marie et s'installe dans le Maine où il exerce diverses professions manuelles. En 1954, son roman est réédité et est vendu à plus d'un million d'exemplaires. Il se remet à écrire et se lance dans la rédaction d'A la merci d'un courant violent, qui est une immense autobiographie. La Fin de l'exil est le troisième volet de cette oeuvre colossale. Comme son premier ouvrage, il y parle encore et toujours de son enfance misérable dans le Lower East Side et de sa jeunesse où l'amour se présente à lui sous des formes étranges et dérangeantes : d'abord sa passion pour sa soeur Minnie, ensuite l'intérêt qu'il porte à la fiancée de son meilleur ami, Larry. Tout en égrenant ses souvenirs avec un luxe inouï de détails, il n'a de cesse de dialoguer avec son ordinateur où il tente de les consigner. Et il s'interroge avec une auto ironie assez vivace sur son destin bizarre d'écrivain. La suite qui figure dans Requiem pour Harlem, nous le présente en train de s'enfoncer dans des problèmes inextricables : les discussions envenimées avec ses parents qui sont restés fidèles à leur langue, le yiddish, leurs croyances religieuses et à leur mode de vie, sa relation chaotique avec Edith. En somme, sa descente aux enfers n'en finit jamais et il a su montrer un certain courage à narrer à autrui ces inclinations qui l'avaient tant tourmenté.




Entrevoir, Paul de Roux, préface de Guy Goffette, « Poésie », Gallimard, 384 p., 9,50 euro.

Guy Goffette a ce don particulier de savoir poser les mots qu'il faut pour nous faire découvrir une oeuvre rare d'un auteur dont, jusqu'ici, je n'avais jamais entendu parler, et de savoir me dire l'essentiel de ce que je dois avoir pour pouvoir l'apprécier. Voici pourtant un homme qui a eu une vie dans le monde éditorial : il a dirigé la revue Traverse entre 1969 et 1974 ; il a travaillé toute sa vie dans le monde éditorial à Paris. Même si son oeuvre n'a pas touché un large public, il a reçu le Grand prix de poésie de l'Académie française en 1989 et le prix Verlaine en 1999. Entrevoir a été son premier recueil publié (Gallimard). Il s'y exprime avec simplicité, sans la moindre rhétorique. Il veut avec simplicité rendre l'esprit de ses émotions et de ce qu'il a compris et ressentis du monde. C'est une poésie écrite sur un ton mineur et qui entend rester tel. Ses autres livres comme le Front contre la vitre (1987) le prouve. Il se situe hors courants, hors de toute mode. Il est tel qu'il veut être : en parfaite harmonie avec ses pensées et ses sentiments. Donc, un poème à découvrir.




Génération romantique, Laurent Dubreuil, L'Arpenteur, Gallimard112 p.

L'auteur ne lance pas un énième manifeste. Il tente d'exprimer les aspirations d'une génération dont les parents ont participé aux événements de mai 1968. Celles-ci se traduisent, chez lui en tout cas, par un retour au romantisme « sans romanticisme ». Ce livre est un voyage d'égotisme, avec des moments très prenants, comme la visite du musée de la Vie romantique. Ces digressions insolites où Chateaubriand croise la route de Chopin et de George Sand (mais pas celle de Baudelaire) est un petit manuel insolite qui montre comment il est possible de vivre la culture du passé en d'autres termes pour en tirer une autre esthétique. Il y a aussi un bel ex cursus sur le rêve, thème repris par la suite par André Breton. Je ne sais pas si je suivrais les pas de Laurent Dubreuil, mais je sais que suivrais volontiers ce qu'il a à me dire dans ses écrits, car sa passion traduit un discours de la méthode en littérature au-delà des conventions et des clichés.
Gérard-Georges Lemaire
13-02-2014
 

Verso n°136

L'artiste du mois : Marko Velk

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