L'oeuvre récente de Damien Deroubaix est appelée à résister face aux dérives de l'art contemporain. Issu d'un style iconographique proche de l'art brut, ce jeune artiste français est principalement porté sur l'emploi du dessin, mais ne se prive pas de diversifier les médiums. A la fois formé en France à Saint-Etienne, et en Allemagne à Karlsruhe et à Berlin, Deroubaix puise autant son inspiration dans l'art allemand que dans la culture alternative. Son univers aux prémices oniriques n'en reste pas moins un reflet réaliste de notre époque. Sa pensée s'articule essentiellement autour de la symbologie, celle de la vanité étant omniprésente.
Fasciné par Les Caprices de Goya ou encore le travail de Grünewald et de Dürer, Damien Deroubaix ne cesse de converser avec ces Maîtres, exultant à son tour la maîtrise d'un dessin aux aspirations contemporaines. Cette idée de conversation avec le temps se concrétise même lors d'une de ses expositions au musée Goya de Castres. Face aux oeuvres du grand peintre espagnol du XIXème, le jeune artiste décide de s'imprégner de l'esprit de Goya et non de restituer simplement les citations de Los Caprichos.
Dans l'un de ses interviews avec Philippe Piguet, Damien Deroubaix nous confie qu'il ne peut s'empêcher de retourner chaque mois visiter le Louvre, afin d'entretenir le dialogue avec ses prédécesseurs.
L'emploi de procédés ancestraux tels que la gravure ou la sculpture favorise la diversité de création de l'artiste. La scénographie de la plupart de ses expositions propose une vision ouverte sur chaque détail de ses oeuvres. Ainsi, le spectateur peut à la fois observer une sculpture gigantesque d'un semblant de cadavre animal orné d'un véritable crâne, ou admirer du sol au plafond des dessins aquarellés parsemés d'encres de chines. L'artiste parvient à faire évoluer son trait au grès des imprévus, chaque travail résultant de nombreux croquis, qui eux-mêmes inspirent de futurs ouvrages.
Les figures mêlées entre humanité et animalité mortuaires s'estompent au fur et à mesure pour ne laisser apparaître qu'un fond sinistre, voire effrayant. Deroubaix réussit à transfigurer la grande peinture classique à un état quasi chaotique d'un dessin écru et spontané. Un important symbolisme est accordé à la mort, en conversation perpétuelle avec la vie, lien indissociable.
Dénonciation de notre époque, ou annonciation du futur, en vrai observateur Damien Deroubaix exulte les restes des bas fonds de notre société consumériste. Subtilement, il lie sans relâche un monde onirique à une dimension critique. Sa tendance à exhiber une figuration noire fait l'objet de vives critiques qui n'atteignent nullement sa création. L'Espace Culturel Louis Vuitton, de plus en plus renommé, propose dans le cadre de l'exposition Astralis, une salle entière dédiée aux oeuvres de Damien Deroubaix du 7 février au 11 mai 2014.
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