logo visuelimage.com
 
 
 
Les [Verso-hebdo] antérieurs
Retour 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 Suite

17-04-2014

10-04-2014

03-04-2014

27-03-2014

20-03-2014

13-03-2014

06-03-2014

20-02-2014

13-02-2014

06-02-2014

 
[verso-hebdo]
10-04-2014
La lettre hebdomadaire
de Jean-Luc Chalumeau
À propos d'une exposition de Ronan Barrot : mais qu'est-ce donc à la fin que l'art contemporain ?
On s'écrasait, jeudi 3 avril, dans la galerie Claude Bernard, pour voir les nouvelles toiles de Ronan Barrot. Ce jeune peintre (il est né en 1973) se produit pour la quatrième fois depuis 2007 dans le temple parisien de la grande peinture moderne : ici exposèrent Francis Bacon, Paul Rebeyrolle ou Leonardo Cremonini. Barrot prend le relais avec panache. Sa suite intitulée Fouille, en particulier, frappe par sa virtuosité et son audace. Soit deux hommes stylisés vus de dos. L'un est plaqué contre un mur, l'autre (un policier ?) est en train de le fouiller. Cela est traité alternativement dans une matière grasse ou maigre. Le thème est nouveau, la manière est sans défaut ; bref c'est de la peinture ; les points rouges sont nombreux et tout le monde est ravi. Car ceux qui sont venus ici cherchaient de la beauté, à tout le moins de l'intériorité, c'est-à-dire ce qui caractérise le paradigme de l'art classique selon madame Nathalie Heinich dont le dernier livre vient de paraître dans la très sérieuse bibliothèque des sciences humaines de la NRF (Le paradigme de l'art contemporain.) Mais, pour la célèbre sociologue, si c'est de la peinture, ce n'est donc pas de l'art contemporain. Les admirateurs de Ronan Barrot le savent-ils ? En s'engageant pour cette forme d'art, ils seraient donc contre l'art contemporain ! Lisons, page 338 : les amateurs de peinture, devenue une valeur en soi, recherchent « le plaisir du spectateur, l'authenticité du lien entre l'oeuvre et l'intériorité de l'artiste, la garantie que cette oeuvre s'origine dans une véritable inspiration étrangère aux séductions de la mode, et l'assurance qu'elle est porteuse d'un sens profond, pérenne et universel. Ainsi le combat contre l'art contemporain tend-il à se confondre avec un combat en faveur de la peinture... » (c'est moi qui souligne). Encore faut-il admettre, avec Nathalie Heinich que le paradigme contemporain, c'est la transgression des limites (de l'art) « L'art contemporain est avant tout déceptif à l'égard des attentes communes quant à ce que devrait être une oeuvre d'art » estime-t-elle. C'est sans doute vrai pour ceux dont les attentes sont comblées par Ronan Barrot, mais cela nous laisse sur notre faim éventuelle de compréhension : qu'est-ce donc exactement, à la fin des fins, que l'art contemporain, si l'on ne se contente pas des exemples « saillants » relevés par l'auteure (qui revient par exemple à vingt-neuf reprises sur les « pitreries » de Maurizio Cattelan) ?

Il me semble que l'on peut répondre à la question en quatre points. 1°) Dire comment est né historiquement l'art dit contemporain. 2°) Observer comment, sur ce territoire, une prise de pouvoir s'est opérée au tournant des années 80. 3°) Evoquer la polémique suscitée par l'art contemporain dès les années 70, qui dure encore de nos jours. 4°) Enfin proposer une typologie des artistes contemporains opérant une distinction claire entre les imposteurs, les opportunistes et les autres. Reprenons : 1) L'importance historique d'Harald Szeemann et de son exposition à la Kunsthalle de Berne en 1969 ( Quand les attitudes deviennent formes) fut décisive : il s'agissait de ne plus montrer d'oeuvres mais uniquement « l'activité de l'artiste ». Ce fut notamment le point de départ de la prodigieuse carrière de Joseph Beuys.
2) Décrire les conditions dans lesquelles se produisit l'effondrement du pouvoir d'initiative en matière d'art : à un certain moment, ce ne furent plus les artistes eux-mêmes, les responsables d'institutions publiques ou privées ou les critiques qui eurent le pouvoir de dire ce qu'est l'art et qui sont les artistes. Les détenteurs de l'argent les remplacèrent progressivement, le premier à s'emparer du « pouvoir de nommer » étant Charles Saatchi aidé par le marchand Léo Castelli.

Troisièmement, recenser les arguments de ceux qui se révoltent contre la nouvelle réalité dite art contemporain, et de ceux qui au contraire la défendent avec passion. Observer en particulier qu'en 1996, ce fut un penseur réputé de gauche, Jean Baudrillard, qui jeta un pavé hostile dans la mare de l'art contemporain. Les contempteurs de ce dernier ne sont donc pas seulement des hommes de droite ou de purs et simples réactionnaires (il y a toujours eu des ennemis du modernisme, particulièrement en France). Enfin, élaborer une typologie des artistes contemporains, majoritairement conceptuels, installateurs et vidéastes, mais comprenant aussi ceux que j'appelle les entrepreneurs et les provocateurs. Au terme de l'entreprise, on comprendra peut-être mieux pourquoi Ronan Barrot, peintre vivant de grand talent, ne saurait être considéré comme un artiste contemporain par ceux qui ont acquis le « pouvoir de nommer ». Mes lecteurs ont deviné que je viens de me livrer à ce travail, en quarante pages, sous le simple titre L'art contemporain, pour un éditeur en ligne. On peut télécharger ce texte en allant sur le site www.uppreditions.com. Bonne lecture !
J.-L. C.
verso.sarl@wanadoo.fr
10-04-2014
 

Verso n°136

L'artiste du mois : Marko Velk

visuelimage.com c'est aussi

Afin de pouvoir annoncer vos expositions en cours et à venir dans notre agenda culturel, envoyez nous, votre programme, et tout autre document contenant des informations sur votre actualité à : info@visuelimage.com
ou par la poste :
visuelimage.com 18, quai du Louvre 75001 Paris France

À bientôt.
La rédaction

Si vous désirez vous désinscrire de cette liste de diffusion, renvoyez simplement ce mail en précisant dans l'objet "désinscription".

     


Christophe Cartier au Musée Paul Delouvrier
du 6 au 28 Octobre 2012
Peintures 2007 - 2012
Auteurs: Estelle Pagès et Jean-Luc Chalumeau


Christophe Cartier / Gisèle Didi
D'une main peindre...
Préface de Jean-Pierre Maurel


Christophe Cartier

"Rêves, ou c'est la mort qui vient"
édité aux éditions du manuscrit.com