Trop souvent mise à l'écart des centres actifs culturels, l'Espagne ambitionne pourtant de promouvoir l'art internationalement. La création récente de grands musées d'art contemporain tel que le Centro Pablo Serrano à Saragosse en est la preuve. L'implantation du Guggenheim à Bilbao en 1997 avait déjà établi une renommée certaine à l'Espagne en y présentant des artistes tels que Murakami, Jeff Koons, ou Daniel Buren. C'est sans oublier l'importante présence du MACBA à Barcelone et celle du Reina Sofia à Madrid. Néanmoins, qu'en est-il de l'actuelle création espagnole ?
A l'abri des regards parisiens, la jeunesse espagnole déploie toute sa créativité dans la rue, le Street Art étant omniprésent dans las calles de Barcelone, Madrid ou encore Saragosse qui consacre chaque année un festival culturel à cet art de rue. De jeunes peintres talentueux connaissent des difficultés à se faire connaître, le pays souffrant de la crise depuis maintenant 3 ans. Paris reste un centre majeur du marché de l'art, qui offre plus de possibilités aux jeunes artistes avides de reconnaissance. Heureusement, certains galeristes espagnols gardent la tête haute et ne reculent devant rien : Cristina Marin en fait partie. Connue pour ses passages dans des émissions culturelles à la TV, c'est une battante dans le milieu des galeries d'art à Saragosse. Bien qu'elle expose des artistes de renom tels que Maturen ou Sergio Abrain, Cristina ne s'interdit pas de présenter de jeunes pousses.
C'est le cas de Victor Solana, héritier d'une peinture classique goyesque. Ce petit prodige de 29 ans reçoit en 2012 une mention d'honneur dans la catégorie des jeunes peintres Aragonais. Défendu par Cristina Marin depuis le début, il expose notamment à Madrid, Valence et Berlin, ou il a séjourné quelques temps. Une peinture d'un incroyable raffinement réaliste aux thèmes violents et meurtris. Solana puise aussi bien son inspiration dans le mouvement Romantique que dans l'oeuvre de Bacon ou de Jenny Saville. L'expressivité de ces visages, gueules criantes, retracent toute une série, El grito, inspirées par Los Caprichos de Goya. L'humiliation évoquée dans les gravures de Francisco de Goya est symbolisée par ce cri, poignant et douloureux. Victor Solana souhaite parfaire une image du grotesque en créant des personnages saugrenus proches du sinistre. Certaines toiles dépeignent un important rassemblement humain : attroupées, les figures menacent le spectateur telle une marche révolutionnaire.
Il nous est agréable de découvrir une touche de peinture lisse avec une technique clair-obscur. La nostalgie des grands maîtres ne s'oublie donc pas. Une palette aux tonalités sombres pour des sonorités ardentes. La lumière est également magnifiée, éclat perpétuel de communication entre la Terre et l'au-delà.
Es este grito el de una revolucion cultural en marcha ? Ce cri est-il celui d'une révolution culturelle en marche ? La peinture de Victor Solana est bien l'appel hurlant d'une nouvelle quête culturelle.
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