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[verso-hebdo]
22-06-2023
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La chronique de Gérard-Georges Lemaire |
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Chronique d'un bibliomane mélancolique |
Judée, Didier Ben Loulou, La Table ronde, 96 p., 24 euro.
L'auteur nous fait découvrir les paysages, la population, les ruines d'un passé qui a connu des périodes glorieuses. Dommage qu'il n'ait pas pris le soin de nous dire quelque chose de l 'histoire de ce qui fut un royaume qui a coexisté avec Israël. En français, on nomme cette région Judée ou Juda. En hébreu, elle s'appelle Yahyudah. On ne sait pas grand chose de cette région avant le VIIIe siècle avant notre ère. On sait seulement que son nom vient de la tribu de Juda.
A l'âge du fer, elle perd son indépendance les Babyloniens l'envahissent en 586 avant notre ère. Elle est sous l'emprise des Perses Achéménide à partir de 586 avant notre ère. C'est alors qu'a lieu la captivité à Babylone dont parle la Torah. Puis ce sont les Grecs Séleucides qui s'emparent de ce territoire. La révolte des Macabées qui a permis de reconstituer un royaume indépendant.
Les Romains imposent leur autorité en avant 63 notre ère, mais fait de la Judée un Etat associé. Hyecane monta sur le trône par Pompée. Quand ce dernier est vaincu par Jules César, il est déchu.et puis assassiné par son neveu, Antigone Mattaahiah, qui a gouverné jusqu'en 44. Il est assassiné par Hérode, qui avait pactisé avec les Romains et est devenu le souverain de la Judée. Puis la Judée et Israël sont intégrés au sein de l'empire romain. Didier Ben Loudou a fait un choix de photographie dont la majorité nous font contempler des régions désertiques.
Evidemment, ces les décors bibliques prennent ici un caractère dramatique. Les récits bibliques prennent ici une tonalité plus tragique. Le décor qui narrent les vie des grandes figures qui sont devenus les fondateurs de trois religions monothéistes en donnent une idée concrète et surtout ingrate. Cet album est un document révélateur d'un monde qui nous est familier par les textes. Mais les paysages nous étaient inconnus.
Ainsi pouvons nous nous faire une idée de ce monde qui offrent au regard des vallées désolées et des collines sans grâce. Bien sûr,les sites ont sans doute changé depuis cette époque lointaines. Mais il clair que leur géographie n'a pas été transformée de fond. L'auteur nous présente ainsi une réalité qui donne un sentiment d'âpreté et de désolation même.
ChenChao pao, un art brut chinois, Christophe Comentale, Editions du Canoë, 106 p., 18 euro.
Avant de parler de ce peintre peu commun, je coulais relever une déclaration de Michel Raagon qui, en 1955, parlait de l'Ecole de Paris. Après la dernière guerre, il n'était plus question de cette formule qui s'appliquait à l'entre-deux-guerres... Passons. Chen Chao-pao est né en 1948 à Chenghua (Taïwan). A partir de 1970, le jeune artiste s'est consacré au dessin et aussi au lavis. Il se consacre surtout au dessin satirique et a commencé à publier dans une revue avec succès. Il a beaucoup voyagé, aux Etats-Unis, au Canada, au Japon et en et puis en Europe à partir de 1983. Il a collaboré à la revue Crown et a publié en 1985 ses Dessins de Paris. Il s'est rendu à Paris en 1983 il a privilégié le lavis. Quand il est allé à Paris. il y a fait une exposition personnelle dans la galerie de l'Union des Banques, où-il a fait la connaissance de Jean Dubuffet. Cette rencontre a été importante pour lui. Ce dernier dialogue avec lui et lui a donné des conseils qui lui ont été précieux. Mais il n'est pas devenu un adepte de l'art brut pour autant. Mais il a accentué son penchant pour la déformation.
S'il a voulu jouer la carte du grotesque, il a aussi désiré se rattacher à la grande tradition picturale chinoise Il faut noter qu'il a été très impressionné par les oeuvres se trouvant dans les grottes de Dunhuang, dans la province de Gansu, où il est allé-en 1994, qui ont toujours été une source d'inspiration-majeure pour les artistes chinois. Ce va-et-vient constant entre le passé et son présent a donné à ses créations une tonalité singulière D'aucuns lui ont reproché ce passage constant entre un art de nature classique et un art débridé. Mais pour lui, l'un ne peut pas exister sans l'autre. L'originalité profonde de ses compositions est absolument unique. Cette petite monographie nous fait connaître un artiste étrange mais fascinant.
Fichot, sculptures sous la direction de Soline Dusausoy, musée de la Fondation de Coubertin, 166 p., 25 euro.
Jean-Michel Fichot est né-en 1959 à La Garenne Colombes. Il a assez tôt éprouvé un-intérêt-poussé pour les arts plastiques. Il est entré à l'Ecole nationale supérieure des Beaux-arts et a travaillé dans l'atelier de Michel Charpentier à partir de 1983. Il a pu très vite participer à des expositions de groupe. Il a reçu plusieurs prix, dont le prix Jean Arp. Son oeuvre se-situe en marge des grands courants de la fin du XXe siècle, sans pourtant renier certains principes clefs de la modernité. En tout cas, il ne se rattache à aucun grand courant de cette période. Et il n'a pas non plus sacrifier à une tentation néoclassique. En réalité, il tient à se placer entre ces deux pôles en insinuant une dose infime d'ironie.
C'est quelque chose d'à peine esquissé, mais qui a son importance, car il introduit un rien d'ironie et d'étrangeté dans ses ouvrages. La plus grande partie de ses sujets sont des corps de femmes nues, qui apparaissent isolées ou en groupe. Elles semblent danser et sont déformées, faisant songer aux Nanas de Niki de Saint-Phalle. Cela ne repose pas sur des analogies, ou encore peuvent laisser songer aux Vénus de la préhistoire. Ces relations ne sont pas formelles, mais engendrent de curieux rapprochements, qui ne sont pas dépourvus d'un humour subtil et aussi d'un soupçon d'art brut. Ce qui est frappant ici, c'est que l'artiste ne joue sur aucun de ces registres. C'est ce qui rend ses travaux si singuliers et donc si intéressants. Tous ces volumes présentent une part de grotesque, mais très légèrement marqué, alors que les masses figurées ne donnent pas de prime abord une impression dérisoire.
Ce double jeu fait sans nul doute la force de ses créations, qui s'imposent avec la densité de la disposition de ces formes charnues dans l'espace (en général en plein air, dans le cas présent, dans le parc-du domaine de Coubertin. Cette ambivalence est poussée jusqu'à un croisement entre le jeu et la plus grande rigueur constructive. La recherche de l'originalité est compensée par un souci d'attribuer à ces femmes bondissantes (qui n'ont rien de commun avec La Danse de Matisse) est contrebalancée par le désir de mettre en scène ses compositions dans une « architecture » sérieusement agencée. Il est parvenu à échapper aux poncifs d'un art en volumes qui n'ont pas renier leurs sources, mais qui est ordonné selon des critères qui abolit les règles de la beauté telles qu'on les a envisagées dans le passé. Ces sculptures méritent d'être découverte et ce catalogue nous donne un aperçu très complet d'oeuvres.
Catalogue en vente à la librairie du compagnonnage :
www.librairie-compagnons.com
Dolores Marat, Eric Reinhardt, Photo Poche, 144 p., 13,90 euro.
Dolores Marat est née en 1944 à Paris. A quinze ans, elle fait son apprentissage de giletère-coletière. Dans une école de couture à Champigny-sur-Marne. Elle rêvait déjà de faire de la photographie. Elle est alors entrée comme apprentie dans un magasin de photographie de quartier. Mais elle n'a commencé une oeuvre personnelle que bien plus tard. Ce que frappe en premier dans ce volume, c'est qu'elle s'est essentiellement consacrée à la couleur. Il y a, c'est sans doute ce soin apporté à cerner la simplicité qui lui permet de hisser ses clichés à une hauteur indéniable. chez elle une intense volonté de privilégier les teintes avant toute autre chose.
En effet, elle n'a pas cherché à faire de ses clichés l'équivalent de tableaux, comme ont pu le faire des photographes voulant rivaliser avec les peintres. Cela, dès la fin du XIXe siècle. Elle recherche la création d'espaces en général ouvert où la domination d'un coloris donne le sens et la force à l'ensemble de sa composition dont le sujet n'est presque jamais la clef de la quête. Il lui arrive de choisir des vues assez communes et d'autres presque irréelles : ce n'est pas pour elle l'essentiel. L'essentiel, c'est le terme de son périple oculaire, c'est-à-dire l'invention d'une vision dont la couleur est la clef de voûte de l'ensemble. Des prises de vue parfois très banale à l'origine se transforme par ses jeux chromatiques en visions qui se rapprochent du surréalisme. Son talent réside dans ce passage incessant de la réalité à sa transmutation. Elle a fini par s'imposer comme étant l'une des photographes les plus douées de France à partir de 1990.
Aujourd'hui, elle poursuit son histoire en transposant le banal et le quotidien. Elle a ainsi évité les chausses trappes d'un baroquisme poussé et lui a permis d'enchanter le réalisme le plus plat. Sion talent joue sur cette méthode qui est simple en apparence, mais qui requiert beaucoup d'habilité et de réflexion. Elle doit chaque fois changer une intuition en une donnée qui se grave dans la mémoire du spectateur.
Les Nus et les morts, Norman Mailer, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Jean Malaquais, « Pavillon poche », Robert Laffont, 960 p., 15 euro.
Il s'agit du premier roman publié par Norman Mailer (1923-2007) qui a été publié aux Etats-Unis en 1948. Ce roman a fait l'effet d'une bombe. Il a été sans aucun doute le meilleur ouvrage sur la guerre contre l'Empire du Japon. Cette guerre, il l'a connue puisqu'il a été envoyé aux Philippes en 1944 dans le 112th Cavalry. Au terme du conflit, il a été envoyé au Japon au sein des forces d'occupation. Il a par la suite parler des combats qu'il a vécus comme de la pire et plus importante de son existence. Il a écrit à sa femme quelques quatre cents lettres, qui ont été à la base de l'écriture de The Naked and the Dead. Démobilisé, il a fait un séjour à Paris où il a poursuivi des études et appris le français. Il est rentré à New York pour publier son livre, qui est devenu aussitôt un best-seller.
Il a été immédiatement considéré comme un écrivain majeur, mais s'est heurté à de nombreuses résistances. Quoi qu'il en soit, il est parvenu à rendre avec la plus grande précision ce qu'a été la réalité de cette guerre qui a été si difficile et dévastatrice. Sans la moindre présentation ni la plus petite mise en situation, le lecteur se retrouve sur une barge de débarquement et fait la connaissance de quelques-uns des membres du peloton. C'est une méthode qu'on retrouve dans l'écriture journalistique ou dans le cinéma (il ne faut pas oublier que Norman Mailer a été journaliste et metteur en scène). Avec réalisme, mais aussi avec un sens aigu de la narration, Morman Mailer nous fait partager la vie de ces jeunes hommes qui se sont embarqués vers l'inconnu et peut-être vers la mort. Le livre est divisé en quatre parties qui correspondent à quatre épisodes de ces combats terribles.
L'écrivain a choisi le meilleur moyen de vivre les événements dépeints : se retrouver au milieu des soldats. Si le récit prend la forme d'un reportage le plus objectif possible, c'est le lecteur qui découvre la laideur et l'angoisse de ces heures qui précèdent l'affrontement et ensuite le déroulement des opérations. S'il a renoncé à tout effet de style et aussi à des considérations morales, il est parvenu néanmoins à restituer ce qui a rendu ces débarquements si effroyables. Et puis, nous suivons les faits et gestes des s'aventurer avec succès. Il est évident que Les Nus et les morts demeurera un des grands romans du siècle dernier uns et des autres qu'il nous a présentés au préalable. Le goût très prononcé de Mailer pour le détail contribue à renforcer la vérité supposé de ces scènes. Nous finissons par croire que nous sommes un de ces hommes qui traine en enfer.
C'est vraiment un chef-d'oeuvre, qui ne ressemble à aucun des ouvrages écrits sur la guerre du Pacifique (et même de la guerre en Europe). On ne tarde pas à se rendre compte que l'esprit qui a présidé à la rédaction de cet ouvrage énorme, qui a toutes les qualités d'un roman épique, mais qui veut faire voir les choses sous les angles les plus triviaux.
C'est un peu le contraire de Guerre et paix de Léon Tolstoï. Et c'est tout sauf ne épopée. Mais c'est la mise à nu de ce qu'a été l'horreur de ces années qui ont vu le Pacifique s'embraser. Et puis il va si loin dans la peinture de ses personnages qu'on l'impression de les connaître. Norman Mailer a innové dans ce genre où de nombreux écrivains de renom ont pu s'aventure. Il est manifeste que Les Nus et les morts restera comme l'un des plus grands romans du siècle dernier. Si vous ne l'avez pas déjà lu, profitez de cet été pour le faire.
Le Bateau du mariage, Michel Besnier, Le Temps des cerises, 168 p., 18 euro.
Ce roman est la première partie d'une trilogie qui a été publiée par les éditions du Seuil de 1988 à 1994.Et ce ne sont pas les personnages qui engendrent la continuité du récit, mais les thèmes. Ici, l'auteur nous raconte une histoire un peu cruelle de cette tradition. Mais ils l'acceptent. Pour notre héros, cette longue séparation devient rapidement un supplice. Il ne parvient pas à trouver son équilibre dans le milieu scolaire où il professe. Peu à peu, mais de manière inéluctable, il est pris d'un malaise profond. Et son existence prend l'aspect d'un voyage en enfer, qui se manifeste surtout par une révolte contre ce qui l'entoure. On finit par apprendre que l'action se déroule en 1942 et que, derrière l'histoire d'amour, se déploie une autre histoire qui est celle de ce que les Français pouvait vivre dans une période aussi noire.
Cela n'est pas exposé avec clarté, mais à travers les symptômes qui touchent le jeune homme qui ne peut revoir sa promise. C'est une fiction curieuse car elle échappe au réalisme banal, mais utilise un grand nombre de personnages et de choses qui peuvent évoquer cette période. Il faut souligner l'originalité de l'écriture de Michel Besnier, qui a su changer un moment de notre histoire en un conte qui intrigue et provoque une sorte de mal être. C'est un roman bien étrange et qui est cependant de ceux qui vous emporte dans un imaginaire troublant qui révèle des vérités peu agréables à entendre dont on ne parvient pas à se défaire.
Des plantes et des hommes, Alain Amariglio, préface de Gilles Clément, Editions du Canoë, 210 p., 18 euro.
Ce recueil est d'un intérêt flagrant. L'auteur a eu l'idée de nous expliquer la spécificité du monde végétal sur cette Terre. Il rappelle que les plantes ne dépendent pas pour vivre d'autres éléments du vivant, mais de la photosynthèse. C'est ce qui a rendu possible son expansion. La spécificité de sa manière de transformer l'air et de bénéficier de la chaleur du soleil. Ce système extraordinaire s'accompagne d'une incroyable diversité. Il a choisi d'organiser ses chapitres en fonctions de plantes particulières, mais tout en poursuivant ses explications sur ce qui constitue la réalité de ce monde végétal, de ses origines, de ses développements.
La prêle d'hiver ou la silva sont examinées en détail. Mais l'ensemble demeure une initiation un guide pour mieux comprendre la réalité complexe de ce qui semble être une pure évidence. C'est là une excellente initiation à la botanique et aussi une mise à plat de tous les aspects de la vie des plantes. Nous plongeons dans cette connaissance avec une délectation car l'ouvrage est bien écrit et reste plaisant de bout en bout. Il ne fera de vous un botaniste expert, mais nous donnera la possibilité d'une découverte du végétal qui recèle tant de mystères.
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Gérard-Georges Lemaire 22-06-2023 |
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Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
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