On s'écrasait au ciné Rex, le 23 février dernier, pour assister à l'avant-première du film de Julian Starke, French Waves et lui faire un triomphe. Le public était jeune, comme le réalisateur qui n'a que 25 ans. Pourquoi parler dans cette chronique de musique électronique ? Peut-être parce qu'elle est un phénomène générationnel qui accompagne l'art urbain et qu'elle est, comme ce dernier, multiforme. Julian Starke (c'est le vrai nom de ce français dont le père est suédois) a remarqué depuis ses débuts à Strasbourg , où il a fondé il y a six ans le collectif Pain surprises alors qu'il était étudiant à l'ESEC de Paris, une sincérité profondément inscrite dans les racines de la musique électronique. « C'est avec cette sincérité que je souhaite toucher le spectateur écrit-il, le faire voyager et l'emporter dans cette aventure de la manière la plus sensible possible... Tel un DJ traduisant les émotions du public en musique, mon objectif est de capter ces vibrations qui traversent, font danser et rêver les générations... »
Pari gagné par le cinéaste qui met à contribution aussi bien ceux qui ont eu 20 ans dans les années 90 que les « digital natives », ses frères. Il va des premières scènes de Chicago et Detroit à la toute jeune génération française qui a la brillante particularité - c'est ce que démontre le film - de rencontrer un succès planétaire. Nous allons ainsi du célèbre doyen Jean-Michel Jarre, le DJ aux 80 millions de disques (68 ans) à Jacques, 23 ans, surdoué et hilarant dont le principal clip intitulé Tout est magnifique donne le ton. Ces jeunes ne sont pas naïfs, ils savent que ce monde est terrible, et l'une des prouesses visuelles du film est l'association de vues de la malheureuse ville de Detroit en ruines avec des musiques hautement toniques. Il s'agit, dit Julian Starke, d'offrir des vibrations « qui donnent force, espoir et confiance en demain ». On rencontre encore par exemple Bob Sinclar (47 ans, peut-être le plus populaire aujourd'hui), Laurent Garnier (déjà 51 ans, captivant par sa lucidité) ou Rone (Erwan Castex, 36 ans), le DJ capable de jouer à guichets fermés à la Philarmonie de Paris (c'était le 14 janvier dernier).
L'un des grands intérêts du film de Julian Starke est qu'il a parfaitement réussi à réunir différentes générations, alors que, comme il l'observe, il y a beaucoup de « niches » dans la musique électronique, et que ces différentes niches ne s'entendent pas forcément. Certains lui ont par exemple reproché la présence de Bob Sinclar, jugé trop commercial. « Mais moi je m'en fous totalement. J'ai vraiment voulu explorer et ramener les artistes qui me plaisent, peu importe leur univers musical. C'est aussi pour ça qu'il n'y a pas de cohérence musicale ou de filiation directe. » Eh bien si, le film, visuellement très abouti , est également auditivement intéressant par sa cohérence. Cela tient à l'auteur qui ne revendique qu'un « ressenti personnel ». Parcourant des musiques qui le font vibrer depuis l'enfance, Julian Starke, petit prince de la musique électronique de la french touch, la fait revivre pour les fans et découvrir aux autres. Par conséquent, si vous savez tout de la musique électronique, il faut bien entendu voir ce film et, si vous ne savez rien, c'est encore plus urgent. Dans tous les cas vous serez séduit.
www.french-waves.com
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