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[verso-hebdo]
09-03-2017
La chronique
de Gérard-Georges Lemaire
Chronique d'un bibliomane mélancolique

Michel Parmentier, une rétrospective, Editions Loevenbruck, 220 p.

Je me souviens avoir vu la première grande manifestation (on ne saurait ici parler d'expostion) du groupe constiué par quatre artistes, Buren, Mosset, Parmenrtier, Toroni, qui avait eu lieu à la Biennale des jeunes au musée d'Art moderne de la ville de Paris. Cette Biennale était alors l'événement le plus intéressant en France, et aussi le plus ludique et ouvert à toutes sortes de formes d'expression sans exclusives. J'y ai vu lire Bernard Heidsieck pour la première fois (je ne savais pas qui s'était) et une troupe polonaise interpréter d'une manière irrésistible l'Ubu roi d'Alfred Jarry. Le manifeste de BMTP était d'un radicalisme qui a intéressé, mais n'a pas surpris plus que ça. Buren faisait ses bandes verticales, Mosset, ses cercles, Toroni ses touches régulières et Parmentier, ses bandes horizontales. L'exposition chez Jean Fournier la même année a sans doute eu plus d'impact, car le contexte était plus spécifique : il n'y avait que les quatre conjurés décidés à en découdre avec l'art officielle, certes, mais aussi avec le prétendu art d'avant-garde. De cette aventure, il n'y a guère que Buren qui ait pu retirer les marrons du feu. Mais, cette année-là, ils interviennent un peu partout à Paris, se font remarquer obtiennent des article. On parle de leur révolte absolue contre toute forme de peinture. Ils ont coiffé au poteau le groupe Supports/Surfaces, qui imaginait des oeuvres extravagantes dans la nature, sauvant ainsi une idée de l'art. Eux ne sauvaient qu'un langage réduit ad minima, presque absurde. Ils aspiraient à l'abolition de l'art. Mais aussi curieux que cela puisse paraître, ils ont poursuivit leur chemin. Parmentier a donc continué imperturbablement de faire ses bandes horizontales comme Toroni ses touches et Mosset ces cercles. Buren avec ses bandes de brasserie a connu un succès inexplicable et même une notoriété internationale. Sans doute ses nombreux écrits (d'ailleurs souvent pertinents) ont été pour quelque chose dans ce succès. Michel Parmentier, dans sa persévérance jusqu'auboutiste n'a pas eu la même chance. Il reste un nom dans l'histoire de l'art contemporain un nom sur une bande-annonce. Cet ouvrage signé, entre autres, par Jean-Yves Poinsot et Robert Bonaccorsi est intéressant à consulter pour comprendre la démarche théorique des idées depuis quelques décennies.




Un concert d'enfers, vies et poésies, Arthur Rimbaud & Paul Verlaine, édition établie et présentée par Solenn Dupas, Yann Frémy & Henri Scepi, « Quarto », Gallimard, 1856 p., 29,50 euro.

Il n'est pas du tout absurde de mettre en parallèle les vies de Verlaine et de Rimbaud, car des sentiments profonds les ont longtemps unies. La relation des deux hommes est intense et ravageuse entre 1871 et 1873 (Rimbaud est encore un grand enfant) . Elle arrive à son comble quand Verlaine tire un coup de feu sur son ami à Bruxelles, blessant légèrement celui qu'il appelle son « époux infernal. Ce geste lui vaut deux ans de prison. Deux années d'une cavale amoureuse et désordonnée qui se termine de manière tragique. Verlaine, qui s'était imposé en 1866 avec ses Poèmes saturniens, Paul Verlaine recherche un secours dans la religion catholique. Rimbaud, lui, a déjà derrière lui le Bateau ivre et Ophélie, donc une grande partie de son oeuvre. Les Illuminations, il les écrit quand il rentre chez ses parents après la rupture définitive avec l'auteur des Romances sans paroles.et il abandonne définitivement la poésie en 1875 : il a à peine vingt-et-un ans. Il ne peut exister de couple aussi mal assorti. Leu différence d'âge n'est pas aussi importante qu'on le suppose (dix ans), mais quand ils se connaissent, Rimbaud est encore un adolescent (il a dix-sept ans) et Verlaine en a dix de plus que lui. Et il avait déjà été bien buriné par l'existence. Quand on consulte ce gros ouvrage, on est absolument ébloui par le nombre d'oeuvres produites par ces deux hommes, par leur beauté et même par les épisodes où ils ont mis leur plume au service de la parodie en contribuant à l'Album zutique. Entre eux deux, il n'y a guère de parenté d'écriture. Verlaine demeure « classique «  (il n'en innove pas moins, mais dans le sens de l'épure et du rapprochement avec la langue parlée) alors que Rimbaud est un iconoclaste de la pire espèce. Son oeuvre est outrageuse. Ils n'ont en commun que le désir de métamorphoser la poésie de leur temps. Et ils l'ont fait. Verlaine a été reconnu et célébré de son vivant. Toutes les revues le recherchaient pour avoir un poème inédit et il publiait partout, des revues le s plus élitaires jusqu'à la feuille publiée par le café Procope ou le cabaret du Chat Noir ! De nombreux et précieux documents accompagnent cette curieuse anthologie, dont beaucoup de lettres, des articles et aussi des textes de référence. Je trouve excellent d'avoir unis ces deux hommes si mal assortis et qui ont tenté de s'assorti dans une passion qui les a consumés tous les deux. Ils étaient la proie du démon de la poésie et leurs voies divergentes pour parvenir à un au-delà de ce que leurs prédécesseurs avaient fait. Enfin, c'est un livre utile pour pouvoir situer dans le temps de l'histoire et dans celui de leurs histoires respectives.




Elévations sur les mystères, Méditations et autres textes, Bossuet, édition établie par Renaud Silly, « Bouquins », Robert Laffont, 1728 p., 35 euro.

Sur la brièveté de la vie et autres sermons, Bossuet, Folio sagesses, Gallimard, 96 p., 3,50 euro.


Sans doute ne me croirez-vous pas, mais je suis un familier de Bossuet. Je le vois depuis plus de trente ans quand je traverse la place Saint-Sulpice et que je le vois trôner en haut de la fontaine édifiée par Luis Visconti entre 1843 et 1848 où il se trouve en compagnie de Jean-Baptiste Massillon, évêque de Clermont-Ferrand, Esprit Flescher, évêque de Nîmes, François de Salignac de La Mothe-Fénelon, et enfin lui, l'évêque de Meaux, immortalisé par le sculpteur Jean-Jacques Feuchère sur la face Nord du monument. Je le scrute et l'observe et le salue bien bas par la pensée non pour ses idées théologiques, dont certains sont contestables (son combat contre le quiétisme, sa vindicte conte les Juifs), mais pour son art de la rhétorique qui en fait le disciple talentueux de Cicéron. En effet, ses sermons des exemples qui devraient être lues dans toutes les classes d'école, et mêmes dans le prétendues grandes écoles formant l'élite de la Nation. Il n'a de comparaison pour moi, en dehors de la sphère strictement littéraire, qu'avec le naturaliste Buffon, autre grand styliste. Jean-Bénigne Bossuet (1627-1704) a fait ses études chez les jésuites et se destine au sacerdoce. Il ressent un attrait pour la littérature et est un grand admirateur de Corneille. Il se « convertit » en 1648 et est ordonné sous-diacre à Langres. C'est alors qu'il écrit ses premiers sermons, dont celui sa Méditation sur la brièveté de la vie, où il fait déjà preuve de qualités oratoires exceptionnelle, qui est sous-tendue par un style à la fois très fluide et tendu, sans effets forcés ni aucune fioriture. Il s'écarte de toute démonstration théologique et d'une exégèse touffue. La simplicité de ces sermons est exemplaire et cela restera sa marque de fabrique. Sa réputation est rapidement établie et il est souvent appelé à Paris. Il devient docteur en théologie en 1652. Il prêche devant la reine-m ère et le roi et écrit alors son premier grand livre, l'Exposition de la doctrine chrétienne. S'il reste dans une optique propre au jésuite, il n'en est pas indifférent aux conceptions des jansénistes et est influencé par saint Vincent de Paul. Ce dernier est pour lui un exemple, qui l'a convaincu d'aller sans cesse plus vers la clarté et la simplicité dans son discours.
Il est aussi extrêmement doué pour l'improvisation. Son éloquence lui vaut l'admiration et il est fait évêque de Condom en 1670. C'est à cette date qu'il prononce ses célébrées oraisons funèbres, à commencer par celle d'Henriette de France. En 1687, c'est lui qui prononce l'oraison funèbre de Marie-Thérèse d'Autriche. Il est alors nommé précepteur du dauphin. Il poursuit son oeuvre en rédigeant un Discours sur l'histoire universelle en 1681, qui surprend Voltaire, qui doit admettre qu'il l'admire. Il écrit le Catéchisme de Meaux en 1687 et 1695, l'Elévation sur les mystères, dont on trouve la version intégrale dans ce volume ainsi que ses Méditations sur l'Evangile (1695). Et comme les Pères de l'Eglise, il n'hésite pas à prendre la plume contre les hérésies, en signant par exemple en 1688 une Histoire des variations des Eglises protestantes. Comme on pourra le constater en lisant l'un ou l'autre des forts ouvrages recueillis dans cette édition, il applique les même principes que dans ses sermons : ils se lisent sans la moindre difficultés car les références à la Bibles et à la littérature patristique sont parfaitement intégrées à son discours. S'il a été dogmatique et parfois avec violence (il a fait brûler l'histoire critique du vieux testament de Richard Simon, s'acharnant contre Madame Guyon qu'il accuse de quiétisme, faisant poursuivre les réformés, accusant de surcroît les Juifs des pires maux, il n'en reste pas moins un écrivains d'une dimension remarquable et un penseur qui n'a jamais cessé de s'inspiré, aussi curieux que cela puisse sembler, de René Descartes.




Un paria des îles, Joseph Conrad, traduit de l'anglais par Georges Jean-Aubry (révisé par A. Bordeaux), « L'Imaginaire », Gallimard, 432 p., 12 euro.

Admirable Joseph Conrad (1857-1924) ! Après une carrière tronquée brusquement, il s'est lancé dans la littérature et fait paraître son premier roman, la Folie Almayer en 1895. Il écrit un an plus tard un second ouvrage, Un paria des îles, qui utilise les mêmes ingrédients que le précédent. Mais si tout se déroule sous les mêmes cieux et avec des personnages issus de sa première tentative, c'est une autre histoire qu'il développe dans ce long ouvrage tournant autour de la figure de Willems hantée par ses échecs. L'histoire n'est pas très dense en soi, car c'est le destin de cet homme égaré dans un monde tropical qui est celui de la Malaisie. On pourrait d'ailleurs imaginer que l'écrivain ait transposé son propre échec professionnel - son impossibilité de retrouver un commandement - pour dépeindre la chute inéluctable de son héros. Avec ce livre, il développe ce qui va devenir l'essence son écriture : un voyage au bout de la raison au sein d'un univers hostile et délétère, qui ne fait qu'accentuer son déclin, le portant jusqu'aux extrêmes de la folie (ce qu'on verra dans l'un de ses chefs d'oeuvre, Au coeur des ténèbres, qui paraitra en 1899). Sous l'influence et même la domination du capitaine Lingard, Willems est progressivement habité par le climat, la végétation, la vie angoissante de cette jungle à laquelle il ne s'adapte pas. Puis il est pris au piège d'une passion amoureuse qui aurait dû le sauver, mais qui ne fait que le détruire. Le capitaine lui dit d'ailleurs ce qu'il en est vraiment de lui : « Tu es seul, poursuivit-il. Rien ne peut t'aider. Tu n'es ni blanc ni foncé de peau. Tu n'as plus de couleur que tu n'as de coeur. Tes complices t'ont abandonné à moi parce que je suis encore quelqu'un avec qui il faut compter. Cette femme mise à part, tu es seul. » L'intrigue compte tout de même car le héros va jouer un rôle dans les problèmes que rencontre Almayer à la fin de cette histoire. Mais, pour nous, c'est le comportement de Willems, ses pensées, ses obsessions, qui sont décrits avec une précision stupéfiante. Conrad est le premier a donné une telle consistance à un personnage de roman. D'une certaine façon, pour donner une idée de ce qui se passe dans ce livre, ce serait une aventure maritime écrite avec toutes les subtilités psychologiques d'un Henry James. Son héros est animé par des sentiments complexes et agit d'une façon qui est toujours étonnante. C'est lui qui est au centre de l'attention et le récit n'est qu'un prétexte pour lui donner cette dimension peu commune. Pas plus que le précédent, ce roman lui a apporté le succès. Il faudra attendre une bonne décennie pour que son talent fût enfin reconnu




Résumons-nous, Alexandre Vialatte, édition établie par Jérôme Trollet, préface de Pierre Jourde, « Bouquins », Robert Laffont, 1344 p., 32 euro.

Alexandre Vialatte (1901-1971) ne figurera jamais comme l'un des grands auteurs de la littérature française car il n'a pas écrit d'oeuvres « majeures ». Il a écrit plusieurs romans, dont les Fruits du Congo (1951), qui a failli remporter le prix Goncourt ; qui est revenu à Julien Gracq. En fait, la majeure partie de son oeuvre romanesque est connue après sa mort. Je suis entré en relation avec cet auteur par le biais de son travail de traducteur dans l'équipe qui a composé les volumes de la Pléiade rassemblant l'oeuvre de Franz Kafka. Il a aussi écrit Mon Kafka, qui est un essai remarquable car il échappe complètement aux poncifs du genre et adopte un point de vue très original. En ce qui concerne les éditeurs, mais aussi les lecteurs, ce sont ses articles qui retiennent l'attention. C'est le journaliste prolixe qui remporte toutes les faveurs. Les éditions Laffont ont déjà publié en deux volumes les Chroniques de la montagne dans la même collection. Et aujourd'hui, voici une abondante collection d'articles accompagnés de son Almanach des quatre saisons (posthume) qui, il faut bien l'admettre, est d'une drôlerie assez irrésistible, mais qui n'est que l'anthologie de ses papiers écrits pour Marie-Claire entre 1960 et 1966. Tous ces textes, composés pour des journaux très divers, qui vont du Dauphiné libéré à L'Epoque, du Bel Amour au foyer au Spectacle du monde, constituent une sorte d'école par les actes du journalisme moderne. Et ils procurent un plaisir de lecture, car il est capable de tirer du sujet le plus grave au sujet le plus farfelu une prose toujours bien troussée et pleine de surprises. C'est de l'art, sans avoir la prétention d'en être. Son talent fait encore mouche à notre époque, ce qui est extraordinaire puisque les actualités qu'il a traîtés n'en sont plus et sont souvent oubliées. Mais sa curiosité si aiguisée et son sens d e la formule sont remarquables. Ce livre a le mérite de pouvoir se lire à petites doses, une homéopathie du plaisir du texte, qui est aussi un traitement efficace contre la morosité et la mélancolie. Entre deux gros essais exténuants, la lecture de Vialatte paraît obligatoire pour éviter de perdre ses cheveux et sa meilleure humeur.




Du couvent au bordel, mots du joli monde, Claudine Brécourt-Villlars, La table Ronde, 288 p., 22 euro.

C'est une merveille ! Tous les amoureux de langue française devront placer ce livre sur la même étagère que leur Littré ou que leur Robert, de leur dictionnaire des synonymes et de leur traité de rhétorique. Claudine Brécourt-Villars, à force de recherche et d'érudition a fait miracle : elle est parvenu à constituer un ouvrage de référence en ce qui concerne les mauvais garçons (et les mauvaises filles !) du temps jadis jusqu'à nos jours. Mais ce n'est pas tant la collecte certainement fruit d'une longue et patiente recherche de ces mots et expressions employés par les gouapes et les apaches, les jules et les belles horizontales qui est stupéfiante, mais plutôt le fait qu'elle aie pu retrouver une ou plusieurs citations d'auteurs connus et d'autres méconnus. C'est un immense travail qui se traduit pour nous, lecteurs, par enchantement constant car si l'on retrouve certaines tournures anciennes, on fait souvent la découvertes de substantifs qui ont disparu ou qui n'ont plus leur place que dans les romans des lustres passés. Si l'on peut encore savoir ce qu'est une gigolette, grâce en particulier au film Moulin Rouge de jean Renoir, on ne sait pus ce qu'était une gerce, une procureuse, une rôdeuse, ou la brême. C'est une anthologie de l'univers de la prostitution, avec des articles très bien conçus, avec les étymologies (quand l'auteur a pu les retrouver), les diverses significations, l'évolution du sens du mot selon les cas, et des textes pour illustrer la chose. L'argot meurt avec les scénarios d'Audiard. Le milieu criminel utilise d'autres codes aujourd'hui. En somme, ce trésor linguistique est en train de se transformer en vaisseau fantôme, en même temps que notre langue s'appauvrit et donc s'affaiblit et ait sujette à des réformes grotesques au plus haut point. Notre langue, c'est notre île au trésor. Personne ne peut y toucher. Ce n'est ni une question de passéisme et encore more moins de conformisme, c'est plutôt une manière d'élargir le champ de notre expression dans notre culture et aussi la faculté de nous plonger dans toute forme de littérature, celle de Proust comme celle de Bruant, de Dorgelès ou de Carco. Au XIXe siècle nos plus grands auteur ont inventé jusqu'à plus soif une multitude mots car le dictionnaire de l'Académie (ou l'idée qu'on s'en fait car nul n'en verra jamais la fin !) a tracé une ligne de démarcation entre la langue châtiée et celle des bas-fonds. Mais beaucoup d'expressions nous sont venues des bas-fonds, et l'incorrigible coquillard François Villon est sans doute l'exemple le plus flagrant d'une écriture parfaite qui emprunte volontiers aux expressions de la pègre de son époque et aussi, parfois, le vieux François, qu'il aimait pasticher. Bref, si vous voulez vivre intensément votre langue et découvrir le lexique des marlous et des grues, ce beau livre est vraiment fait pour vous, en dehors du fait qu'il nous apprend beaucoup sur les moeurs du temps des maisons de rendez-vous.




L'Âme humaine sous le socialisme, Oscar Wilde, traduit de l'anglais par Albert Savine, « Carnets », L'Herne, 104 p., 7,50 euro.

C'est en 1891 qu'Oscar Wilde a écrit ce copieux essai, qui semble s'éloigner de ce que nous connaissons d e son oeuvre. L'auteur du Fantôme de Canterville et du Portrait de Dorian Gray, qui semble faire l'éloge d'un cynisme même criminel, écrire sur le socialisme et prôné le communisme ! C'est impensable ! Et pourtant si. Mais il faut bien s émettre dans l'esprit que l'Angleterre de la fin du règne de la reine Victoria. Une partie de l'intelligentsia est conquise par une pensée politique de gauche, comme William Morris, qui a fait partie de la Première Internationale, mais aussi comme Dante Gabriel Rossetti qui a parlé devant des assemblées populaires et certains de ses amis préraphaélites ont donné des conférences à la Whitechapel Gallery, une institution publique créée en 1901 dans le coeur du East End pour l'édification du peuple. On peut croire que Wilde fait partie de cette élite d'écrivains et d'artistes qui produisent un art hors de portée du commun des mortels. Mais ce n'est pas le cas. Il plaide en faveur de la suppression de la propriété privée, se fait le champion de l'individualisme mais ne croit pas un instant que les arts doivent se mettre à la hauteur de la population la plus déshéritée : il croit plutôt, comme ses contemporains, tel John Ruskin, qu'il faut l'élever à la hauteur des créations artistiques. Et il est prêt à s'engager dans ce sens. Ces pages démontrent le talent de pamphlétaire de Wilde, qui n'est pas seulement l'auteur de bons mots ou de paradoxes exquis. C'est un être profondément engagé dans l'idée d'une révolution sociale. Mais ces propos ne font pas de lui un révolutionnaire. Sa condamnation aux travaux forcés pour une affaire de moeurs et son emprisonnement en 1895 ont montré qu'il n'était pas au-dessus des lois et qu'on n'a pas hésité à le frapper durement malgré sa très grande notoriété. Son ton est caustique, mais dur aussi et il ne mâche pas ses mots - ses mots d'esprits sont cinglants !. Il a été un révolté dans l'âme et son âme, il l'a donnée avec élan au socialisme.
Gérard-Georges Lemaire
09-03-2017
 

Verso n°136

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