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[Visuel-News]
15-05-2025
La chronique de Pierre Corcos Le sourire d'Harold Feinstein La chronique de Gérard-Georges Lemaire Chronique d'un bibliomane mélancolique
La chronique de Gérard-Georges Lemaire |
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Chronique d'un bibliomane mélancolique |
 Hélène Delprat, Fondation Margueritte et Aimé Maeght
Hélène Delprat est née à Amiens en 1957. Elle fait ses études à l'Ecole nationale des Beaux-Arts de Paris et en sort diplômée. Elle se présente au concours de l'Académie de France en 1982 et le remporte. Elle passe ainsi deux ans à la Villa Médicis de Rome. A la fin de son séjour, elle présente une grande exposition intitulée Jungle et loups avec un beau catalogue. La force et l'originalité de ses grands tableaux la font aussitôt remarquer. Elle entre à la galerie Maeght où elle demeure sous contrat pendant dix ans. Pendant cette période, elle s'est affirmée comme l'une des plus prometteuses artistes françaises. Elle a été présentée en 1986 à la Biennale de Venise. Peu à peu, elle ressent le besoin d'élargir le champ de son expérience. Elle s'intéresse alors à la vidéo, au théâtre, à la performance et à toute forme d'actions artistiques sortant du champ conventionnel. En revanche, elle s'est éloignée de son travail précédent, que j'avais qualifié d'« africain » alors qu'il avait peu avoir avec ce que l'on a nommé l'art nègre, mais qui recélait un caractère primitif évident et aussi des tonalités sombres où le noir a joué un rôle prégnant.
Elle était parvenue alors, tout en faisant évoluer ses représentations, à un style qui lui appartenait pleinement. Si des figures énigmatiques et un peu totémiques apparaissaient dans ses compositions, qui étaient fortes et majestueuses, elle évitait d'insinuer un sujet ou un récit, le récit était exclusivement pictural. Elle s'est orientée dès lors vers quelque chose qui se rapprochaient plus du dadaïsme, de Fluxus ou d'autres façons de dénaturer l'oeuvre d'art en la désacralisant ou en introduisant de l'ironie (et même de l'auto-ironie).
Cependant, elle ne fait aucune référence à aucun courant précis, passé ou présent, se contentant de rechercher une sphère où l'humour parfois destructeur prédomine, avec une gouaille et une forte touche d'iconoclastie. Elle n'a de laisse de considérer ses tableaux comme des instruments de sa vision de l'art qui est par essence irrespectueuse. Elle a de ce fait même de ne pas conserver un aspect de ses menées antérieures qui était un jeu magistral avec la picturalité. Au contraire : elle n'a cessé d'insister sur la nature dérisoire de sa pratique, se mettant parfois elle-même en scène. Bon nombre de ses oeuvres comportent des phrases lapidaires et goguenardes qui renforcent cet engouement pour la farce et la dérision. Pour elle, l'artiste joue désormais un double jeu, qui est sa capacité de demeurer dans l'espace spécifique de la création esthétique, mais toujours en le décriant. Son humour peut se révéler plutôt insolent, dans l'esprit d'un monde où l'esthétique pure appartient au passé. Cela ne l'empêche pourtant pas de faire montre de qualités plastiques indéniables, même si ce qu'elle communique au spectateur un spectacle de guignol irrespectueux (en diable). Elle ne va pas, comme certain, jusqu'à une frontière du mauvais goût érigé en système (le mauvais goût est néanmoins omniprésent dans ce contexte). Elle est drôle et pleine d'humour et elle sait où le bât blesse par les temps qui courent.
Le long entretien avec Laurence Bertrand Dorléac est tout à fait intéressant, mais elle évite tout du long de se placer dans une certaine perspective de l'histoire de l'art contemporain et ne fait jamais état de sources ou d'influence. Cela a été sa démarche depuis le début. Et elle a évité avec soin de frayer avec l'héritage de Marcel Duchamp. Son indépendance d'esprit et son désir d'être une « apache » de l'art de ces derniers temps sont les mécanismes qui lui ont permis d'échapper à bien des lieux communs. Elle désacralise l'art, comme le font bien d'autres artistes. Mais elle manipule avec une belle désinvolture toutes ces données destructrice en ayant la faculté de nous faire rire et d'apprécier ce qu'elle a imaginé sans cependant partager son point de vue.
 Le Trésor de Notre-Dame de Paris des origines à Viollet-le-Duc, collectif, Louvre Editions / Editions Hazan, 340 p., 39 euro.
L'incendie de la toiture de Notre-Dame de Paris a été une catastrophe qui a été un drame qui a été ressenti dans le monde entier. Le sauvetage de la tour nord a été un exploit du corps des sapeurs-pompiers. En trois ans, la cathédrale a pu être restaurée et réouverte aux visiteurs. Cette grande exposition dévoile un aspect peu connu de son histoire car rarement exposé aux fidèles : les nombreuses reliques et oeuvres sacrées qu'elle conserve. On se souviendra de l'incident de la mise à l'abri de la couronne d'épines (celles-ci était à l'origine conservée à la Sainte Chapelle, qui avait été construite à cet effet par Louis IX), le responsable du meuble la conservant ne retrouvant plus la clef ! Depuis sa construction, elle reçoit en don des objets de toutes sortes ayant une valeur religieuse. Des inventaires ont été fait depuis 1343 jusqu'à 1792. On a du mal à imaginer le nombre de choses qui ont été soigneusement conservées dans ce lieu. Ce volumineux catalogue permet d'en prendre toute la mesure.
L'existence d'un trésor existe déjà dès le VIe siècle dans une déposé dans une cathédrale dont on ne sait quasiment rien. Des reliques, dont celle de saint Marcel, y sont transportés au Ve siècle. Nous n'avons que très peu de documents concernant cette question jusqu'au IXe siècle. Parmi les objets se trouvent aussi des manuscrits, dont un jugement de Charlemagne et un précepte de Louis le Pieux. Ce n'est pas avant le XIIIe siècle que nous connaissons un peu mieux la nature de ce trésor. On y découvre pêle-mêle le lait de la Vierge (sic) et des bréviaires précieux, et aussi des croix d'autel. Sous l'impulsion de Maurice de Sully, la nouvelle cathédrale commence à être construite au milieu du XIIe siècle. L'on sait que cette gigantesque entreprise a permis la constitution d'un nouveau et abondant trésor. Les rois Valois se sont montrés très généreux dans ce domaine. Les premiers inventaires (dont celui de 1438) font états d'objets qui ont depuis lors disparu. Ce n'est qu'à partir du XVIIe siècle que subsistent les nouvelles acquisitions, à commencer par le superbe vase Rubens exécuté par Paul Pontius. Mais des objets ont été retrouvés dans les tombes installées dans la cathédrale. De magnifiques épistolaires, ouvrages théologiques ou missels enluminés ont aussi été préservés. Des tableaux viennent aussi enrichir toutes ces splendeurs, ainsi que des dessins. Des volumes imprimés ont fait leur apparition. Il y a de grandes tapisseries (un de leurs thèmes est le voeu de Louis XIII) réalisées par Philippe de Champaigne, des drapeaux et toujours plus de peintures et de dessins. Ce livre s'achève par les dégradations de la Révolution française et puis par les nouvelles oeuvres à partir du couronnement de Napoléon Ier.
C'est un gigantesque musée dissimulé qui nous est offert par ce catalogue très détaillé et qui fait rêver. Et tout commenté avec sagacité et limpidité.
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Gérard-Georges Lemaire 15-05-2025 |
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