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18-09-2025
La chronique de Pierre Corcos Une monstrueuse singularité La chronique de Gérard-Georges Lemaire Chronique d'un bibliomane mélancolique
La chronique de Gérard-Georges Lemaire |
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Chronique d'un bibliomane mélancolique |
 Chagall, ivre d'images, Daniel Marchesseau, « Découvertes », Gallimard, 175 p., 16, 30 euro.
Marc Chagall (Moyse Segal, dit « Moska », aîné de neuf enfants) est né à Vitebsk, en Biélorussie, en 1887. Il est issu d'une modeste famille juive très orthodoxe. Il vivait dans un shtetl, c'est-à-dire une partie de la ville exclusivement réservée à la communauté juive - un laisser-passer twit indispensable. Pour voyager, ses ressortissants devaient être en possession d'un passeport. Il a fréquenté l'école primaire juive, le heder. Il a très tôt une vocation artistique que sa mère n'a pas découragée. A l'âge de dix-neuf ans, il a fréquenté l'atelier de Yehuda Pen, un peintre académique de paysages qui avait acquis une certaine notoriété. Dès 1907, Chagall a dû travailler comme retoucheur chez un photographe. Il a fait cette année-là son premier autoportrait. Un certain Goldberg l'engage comme domestique pour l'aider à gagner de quoi se payer ses études. Il est parvenu à être exempté du service militaire et a reçu une petite bourse.
Le jeune directeur de l'école des beaux-arts lui a ainsi permis d'étudier dans une académie privée de Saint-Pétersbourg. Peu après, Léon Baskt le prend comme étudiant. Il est entré au sein de l'école Zvantseva et y est demeuré deux années. Il y a suivi les cours de Matislas Deboujinsky, qui lui a fait connaître Van Gogh et Cézanne. Il a participé en 1910 dans les salons de la revue Apollo. Il a été le témoin de la naissance de l'art moderne en Russie. Cette effervescence l'a libéré de son enseignement traditionnel et lui a permis de prendre de grandes libertés dans sa peinture. A partir de 1907, il a utilisé l'huile et a commencé à construire un imaginaire paradoxal et poétique où l'on retrouve les souvenirs chargés de nostalgie des rues de Vitebsk. Sa palette s'est éclaircie. Cette année, Maxime Vinaver lui a procuré une petite bourse. Cela lui a donné la possibilité de se rendre à Paris et il a demeuré chez l'écrivain Ehrenbourg impasse du Maine. Il s'est alors souvent rendu au musée du Louvre, et il a visité avec assiduité les galeries.
Un an plus tard, il s'est installé à la Ruche. Il se lie avec des hommes de lettres comme Max Jacob et André Salmon et des artistes tels que Zadkine, Archipenko et Soutine. Il est surnommé le « poète ». En 1912, il a fait la connaissance de Guillaume Apollinaire (qui lui avait promis une préface, mais ne l'a jamais fait) et de Blaise Cendrars. Il est accepté au Salon d'Automne de 1912 (où il a montré, entre autres, A la Russie). Il est également invité au Salon d'Automne de Berlin au sein de la galerie Der Sturm. Un collectionneur lui y a acheté La Tempête. Tous les grands courants artistiques modernes l'ont influencé peu ou prou, sans jamais en faire un disciple. Son Autoportrait de 1913 a manifesté son état d'esprit indépendant. Il a exécuté pendant sa période parisienne beaucoup de gouaches et aussi des encres. Il est peu à peu reconnu et le marchand Charles Malpel lui a signé un contrat.
Il est rentré en Russie en avril 1914. En chemin, il s''est arrêté en chemin pour exposer à la galerie Der Sturm à Berlin avec Alfred Kubin et Paul Klee. C'est un succès. A son retour, il s'est définitivement convaincu que c'est Bella Rosenfeld qu'il devait épouser. A Vitebsk, il a fait des portraits de ses proches, peint sa ville natale, s'est apitoyé sur les combattants. A paru sa première monographie par Abram Efros et Yakob Tugendhold. Il a aussi obtenu une salle entière lors de la première Exposition officielle de l'art révolutionnaire au palais des arts de Petrograd. Les artistes sont résolus à fonder un ministère des arts. En 1918, Chagall est nommé commissaire aux Beaux-Arts. Il est devenu responsable des affaires artistiques de la région de Vitebsk. Une école d'art et un musée sont inaugurés en 1919. Il a présenté une exposition dans la demeure d'un riche banquier de Vitebsk. Il a publié un article dans La Révolution dans l'art. Des artistes sont venus enseigner, comme Ivan Puni ou El Lissitzky.
De nouveaux arrivants, comme Malevitch, ont été hostiles à Chagall, qui a fini par être « démissionné » et qui ont fondé une Académie suprématiste. Il part à Moscou avec sa famille pour y travailler pour le Théâtre révolutionnaire satirique. Il a conçu les décors du Revizor de Gogol et, pour le théâtre Stanislavski, les décors du Baladin du monde occidental de Synge. Ensuite, le théâtre juif de chambre (Gosekt) lui a demandé de penser les décors d'une soirée dédiée à la mémoire de l'écrivain Sholem Aleikhem en 1921. Il a intitulé l'ensemble Les Miniatures, sans doute le chef-d'oeuvre de ses jeunes années. Le régime l'a alors contraint à se limiter à l'enseignement du dessin.
L'année suivante, il a une exposition à Kaunas, en Lituanie. Il a résolu de quitter la Russie et il s'est embarqué pour Berlin. Il finit par s'installer de nouveau à Paris en 1923 (année où Paul Cassirer lui a proposé de publier ses mémoires). Il l'a illustré d'eaux-fortes et s'est fait aider pour la traduction par Jean Paulhan (il 'avait écrit en yiddish). Il a fait la connaissance d'Ambroise Vollard, qui lui lui a commandé des illustrations pour Les Âmes mortes de Gogol (le livre ne va paraître qu'en 1948), neuf ans après la mort du marchand, chez Tériade). Il a connu alors la réussite et à pu visiter la France, qui l'a inspiré.
En 1926, Vollard lui demande de faire des illustrations pour les Fables de La Fontaine (il a réalisé d'abord des gouaches, qu'il a exposé chez Bernheim Jeune en 1928, en même temps qu'a paru sa première monographie en français écrite par André Salmon -, puis va y consacrer vingt-cinq ans de travail !). Il a fait dès lors partie des peintres en vue. Son exil forcé à New York pendant la guerre n'a fait que renforcer sa notoriété. Il a développé des compositions lyriques et ludiques, très colorées, frantasques, toujours imprégnées de sa culture et de celle où il a trouvé refuge, Chagall s'est essayé à la sculpture, à la céramique, aux vitraux. Sans jamais varier sa manière, il s'est sans cesse renouveler et a fait de bon nombre de ses tableaux une extrapolation de son existence.
 Bonnard, « La couleur agit », Antoine Terrasse, « Découvertes », Gallimard, 144 p., 16, 20 euro.
L'impressionnisme a donné naissance à deux principaux groupes artistiques à la fin du XIXe siècle : d'abord celui des postimpressionnistes et ensuite celui de Nabis. Pierre Bonnard (Fontenay-aux-roses 1867- 1947) a fait partie de ce cercles de jeunes artistes qui ont souhaité pousser le raisonnement des impressionnistes dans un sens précis qui est celui de l'intimité, plus que de la nature dans son ensemble ou que de la vie urbaine (sans pourtant les rejeter, loin s'en faut). Ils n'étaient donc pas liés par des devises théoriques, mais plutôt par une sensibilité. Dès l'âge de quatorze ans, Bonnard a éprouvé le besoin de dessiner ou de faire des aquarelles. Représentant des vues de Paris. Il a fait de brillantes études aux lycées Louis-le-Grand et Charlemagne et s'inscrit ensuite à la faculté de droit où est diplômé en 1888. Il suit les cours de l'Académie Julian alors qu'il poursuit des études austères. Il s'y fait quelques relations : Paul Sérusier (un peu son pygmalion), Maurice Denis, Paul Ranson, Ker-Xavier Roussel, Edouard Vuillard. Il entreprend pendant les vacances de tenter la peinture. Une exposition chez Boussot et Valadon lui fait alors découvrir les impressionnistes, Van Gogh, puis une autre, chez Durand-Ruel, Pissarro, Monet, Degas, Renoir. Enfin, il découvre les compositions de Paul Gauguin en 1889 au café Volpini pendant l'Exposition universelle.
Il ne tarde pas à rejoindre le cercle des Nabis créé par Sérusier. Plus que des « initiés » (c'est ce que signifie ce mot en hébreu), ces jeunes gens sont encore des néophytes ! Ils attribuent à la couleur un rôle déterminant. Il est présent au Salon des Indépendants de 1891 avec une série d'études et un grand panneau - cinq Femmes au jardin, dont le portrait de sa soeur longuement travaillé. Ces figures sont largement influencées par l'art japonais. L'année suivante, La Partie de Criquet affine ses grandes orientations plastiques. Il met en avant le caractère mobile de l'oeil humain. Il décide de se consacrer à la lithographie. Il commence à s'intéresser à des scènes de boulevard. Il expose avec ses compagnons chez Ambroise Vollard en 1897 (il y montre ses illustrations pour Parallèlement de Paul Verlaine, qui paraîtra en 1900) et en 1898. Ce qui frappe alors chez lui, c'est son désir de mettre en scène des univers intimes avec une crudité qui rappelle un peu celle de William Sickert.
A partir de 1900, il quitte Paris et s'installe dès le printemps à Montval. Il continue à faire des publicités et se consacre avec toujours plus d'assiduité à la photographie. Il fait la connaissance d'Henri Matisse et continue toute sa vie à dialoguer avec lui. Ils exposent ensemble à la galerie Bernheim-Jeune en 1906. Il est également très proche de Vuillard. Ils ne sentent pas attirés par les nouveaux courants modernes. Bonnard n'a aucune contradiction à l'encontre de la décoration. Il accepte, par exemple, de décorer l'appartement de Misia avec beaucoup de liberté et de joie. A partir de 1909, il part souvent dans le Midi et séjourne d'abord à Grasse. Un tableau comme La Nappe à carreaux exprime bien son engouement pour la couleur et tout ce qui est chaleureux. Et il ne s'interdit aucun sujet. Et il va séjourner à plusieurs reprises à Saint-Tropez, puis il va visiter Rome en 1921. Si, pendant cette période, il ne dédaigne pas le paysage, il aime beaucoup passer d'un intérieur à l'extérieur par une porte ouverte. En 1924, la galerie Druet présente une grande rétrospective de ses oeuvres. Il voyage aux Etats-Unis à la fin des années vingt, et la Gallery de Hauke l'expose en 1928 (le catalogue est signé Félix Fénéon). Il a acheté l'année précédente une maison au Cannet. Il n'a de laisse de noter sur son agenda tout ce qui lui passe par la tête. En 1933, il s'installe à La Baule. Puis c'est Bernerville-Blonville et enfin Deauville de 1935 à 1938.
Quand la guerre éclate, il retourne au Cannet. Matisse vient lui rendre visite et ils continuent à correspondre régulièrement. Il ne rentre jamais à Paris pendant l'Occupation et n'expose plus. Il réalise des lithographies pour le marchand Louis Carré. Quand il décède en 1947, une grande exposition de ses oeuvres est présentée au musée de l'Orangerie.
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Gérard-Georges Lemaire 18-09-2025 |
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