|
|
|
[Visuel-News]
24-04-2025
La chronique de Pierre Corcos Obscure clarté La chronique de Gérard-Georges Lemaire Chronique d'un bibliomane mélancolique
La chronique de Gérard-Georges Lemaire |
|
Chronique d'un bibliomane mélancolique |
 Le Goût de la solitude, textes choisis et présentés par Alexandre Maujean, Mercure de France, 128 p., 9,50 euro.
Le terme solitude recouvre une multitude de significations. On peut songer à la solitude existentielle ou à la solitude morale, de la solitude choisie par les religieux qui souhaitent se retirer loin du monde. Cela peut aussi exprimer une douleur qui pousse à l'isolement ou encore le désir de se distinguer de ses contemporains. En somme, une foule de sens s'attache à ce qui peut être une réalisation personnelle ou, au contraire, l'éloignement forcé du monde des vivants. Le titre de l'ouvrage restreint le champ des possibles : la solitude est un choix positif, enfin, pour la majorité des auteurs de cette petite anthologie. Ce n'est pas un hasard si elle débute avec Jean-Jacques Rousseau qui a opté pour un retrait de la vie mondaine, dont il pèse la valeur et la vertu dans ses Rêveries d'un promeneur solitaire. Il y a chez lui un goût prononcé pour une relation privilégiée avec la nature qu'on retrouve, de l'autre côté de l'Atlantique, en Amérique, chez D. H. Thoreau.
Toutefois, elle peut se traduire par une situation subie comme c'est le cas de Robinson Crusoé dans le roman de Daniel Defoe lorsqu'il naufrage et qu'il croit être seul sur une île déserte. Elle peut alors prendre la forme d'un mauvais pas. Xavier de Maistre, quant à lui, la voit comme la condition d'un périple imaginaire dans sa propre demeure. Alfred de Musset l'associe à la figure du poète dans sa « Nuit de décembre » dont il nous régale d'un long extrait. Et elle offre à Guy de Maupassant le thème d'une nouvelle. En sorte que la solitude est omniprésente dans l'existence de l'homme dès qu'il médite sur sa condition sur cette terre. Mais elle peut aussi est le fruit d'une grande douleur, comme on peut le constater dans Bruges la morte de Georges Rodenbach. Et puis, nous pouvons en avoir une autre conception dans les pages de Virginia Woolf dans Une chambre à soi ou encore dans le labyrinthe du Procès de Franz Kafka.
L'auteur nous convie à nous plonger dans un abysse de méditation à propos d'un sujet qui a tant de facettes et qui est la compagne plus ou moins douce de l'être qui s'est résolu à tenter de percer les mystères de la vision que nos pouvons avoir de ce monde qui nous fascine, mais qui peut aussi nous repousser. C'est là un excellent exercice pour qui a le souci de comprendre sa place sur cette terre. La sélection des textes est plutôt ; à de rares exception, plutôt judicieuse.
 Mémoires d'un petit biquet, David Sylvester, traduit et présenté par Olivier Weil, L'Atelier contemporain, 160 p., 16 euro.
Le titre de cette autobiographie peut surprendre car elle semble être l'effet d'une autodérision. Ce n'est pas tout à fait le cas. L'auteur a repris l'une des façons que sa mère avait l'habitude de l'appeler affectueusement quand il était petit. Cela étant dit, David Sylvester(1924-2001) a écrit ces souvenirs avec simplicité et sans jamais se hausser du cou. Sa manière quelque peu désinvolte de se présenter à son lecteur est singulière. Ce qui est important pour lui est de montrer de quelle façon il a grandi dans une famille juive orthodoxe dans le Grand Londres. Il n'a pas voulu construire le monument posthume d'un grand nom de la critique d'art. D'ailleurs son destin a été signé par la publication de ses entretiens avec Francis Bacon. Ce seul ouvrage (remarquable, il faut bien le dire) et mérité l'éloge. Mais on ignore quasiment tout le reste de ses écrits et de tout ce qui l'a passionné chez Gustave Courbet ou Henri Matisse, Alberto Giacometti. Nous ignorons tout de lui, de ses écrits, de ses conférences, de ses commissariats d'exposition, de sa collaboration à de nombreux périodiques, de Tribune aux Temps modernes de Sartre et de Merleau-Ponty, pour ne citer que ceux-là.
Son oeuvre est considérable et mériterait d'être mieux connue. Sait-on, par exemple qu'il a eu la tentation de s'installer à New York quand sont apparus des artistes révolutionnaires comme Ellsworth Kelly ou Jasper Johns ? Il a eu besoin d'écrire deux autres volumes de mémoires : Mémoires d'un cornichon et Curriculum Vitae - qui permettent de le connaître un peu mieux et d'apprendre qu'il a aussi écrit des articles sur le sport ! Sans être un anarchiste dans l'âme, il a fait de lui un portrait assez peu académique. Et ce qu'il nous fait savoir de son existence et de son travail est parfois peu utile à nos yeux : il a souhaité de rappeler de toutes ces années révolues avec un oeil familial et domestique et non comme les grandes heures d'un critique éminent qui a laissé une trace profonde dans l'histoire de l'art de l'après-guerre.
Il n'a aucune vanité et il se limite à remémorer le fait qu'il a eu de grands amours pour des peintres et des sculpteurs qui se sont imposés pendant cette période où les cartes de la création étaient redistribuées. Il n'a pas été l'homme d'un groupe ou d'un mouvement - ses goûts sont assez éclectiques et s'attachent principalement à des artistes déjà reconnus (il n'a pas été tout à fait marginal, même s'il a su voir avec acuité et intelligence les nouveautés extrêmes dans la création de son temps et il n'a pas voulu être un découvreur). Mais il n'en reste pas moins que ce qu'il nous raconte est précieux car il révèle ce qu'est un critique d'art en dehors de tous les poncifs qui sont appliqués à cette activité. Il a sans doute voulu faire de lui-même un autoportrait sans apprêt, mais révélateur de sa personnalité fantasque et peu commune.
Ces trois livres sont précieux pour comprendre comment ont pu être ces décennies qui nous paraissent aujourd'hui phénoménales. De plus, étant donné la simplicité de son récit, on peut qu'éprouver du plaisir à le lire.
|
Gérard-Georges Lemaire 24-04-2025 |
|
|
Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
|
Silvia Paladini, navigatrice et bibliophique de l'art.
par Gérard-Georges Lemaire
|
Elena Santoro
par Gérard-Georges Lemaire
|
Griffures : Luisa Pinesi joue
entre surface et profondeurs
par Gérard-Georges Lemaire
|
Rencontres au café Tortona avec Ariel Soule
par Gérard-Georges Lemaire
|
Le fil rouge d'Akane Kirimura
par Gérard-Georges Lemaire
|
Pierre Delcourt
en quête d'un absolu du visible
par Gérard-Georges Lemaire
|
Stefano Soddu,
entre diverses dimensions
par Gérard-Georges Lemaire
|
Une expédition picturale à Cythère
en compagnie d'olivier de Champris
par Gérard-Georges Lemaire
|
Dans l'atelier de Hans Bouman
par Gérard-Georges Lemaire
|
John Giorno : William Burroughs
tel que je l’ai connu.
par Gérard-Georges Lemaire
|
Giampiero Podestà, ou l'origine d'un monde
par Gérard-Georges Lemaire
|
[idées]
Takis: Contemporary Poet of Heaven and Earth
by Megakles Rogakos, MA MA PhD |
Sur les pas d’Adalberto Borioli
par Gérard-Georges Lemaire
|
Marilena Vita,
entre mythe et onirisme
par Gérard-Georges Lemaire
|
Le regard photographique
de Marie Maurel de Maille
par Gérard-Georges Lemaire
|
Santiago Arranz,
l'ami intime des écrivains
par Gérard-Georges Lemaire
|
[idées]
George Koumouros
"Portrait Landscapes"
Exhibition curated
by Megakles Rogakos
PRESS RELEASE |
visuelimage.com c'est aussi
|
Afin de pouvoir annoncer vos expositions en cours et à venir
dans notre agenda culturel, envoyez nous, votre programme, et tout
autre document contenant des informations sur votre actualité à : info@visuelimage.com
ou par la poste :
visuelimage.com 18, quai du Louvre 75001 Paris France
à bientôt.
La rédaction
Si vous désirez vous désinscrire de cette liste de diffusion, renvoyez simplement ce mail en précisant dans l'objet "désinscription". |
|