|
|
|
[Visuel-News]
11-09-2025
La chronique de Pierre Corcos Dits et non-dits familiaux La chronique de Gérard-Georges Lemaire Chronique d'un bibliomane mélancolique
La chronique de Gérard-Georges Lemaire |
|
Chronique d'un bibliomane mélancolique |
 Le Cordon ombilical, souvenirs, Jean Cocteau, Allia, 80 p., 6, 50 euro.
Sans être à proprement parler un tuttofare, Jean Cocteau a touché à presque tous les registres de la littérature, de la poésie au roman, de la pièce de théâtre aux mémoires, de l'essai à la critique d'art, en passant par les livres voyages. Ce dernier ouvrage, publié quelques mois avant sa disparition en 1963 chez Plon, est une sorte de mémorandum mêlant prose et poésie.
Il le débute par une méditation sur la poésie, qui est méprisée et considérée comme étant un luxe inutile. Pour donner une image de ce qu'il a vécu depuis 1916, il se présente comme étant poursuivi par une meute déchaînée. Il s'interroge sur son destin de poète, qui est loin d'être une sinécure. En effet, s'il ne s'est pas identifié à Madame Bovary comme Gustave Flaubert, il s'est identifié volontiers à Heurtebise. Il est persuadé que les oeuvres séparent de leur auteur. D'une certaine façon, les personnages n'appartiennent pas complètement à leur auteur. Il s'est dès lors décidé à dérouler le cordon ombilical qui le relie à ses créations. C'est ainsi que pour Shakespeare, tous ses « ghosts » (fantômes) sont toujours une partie de lui-même. Il compare ses enfants terribles aux enfants de Thomas Mann. Mais les Français, tient- ils à souligner, n'aiment pas la prolifération des personnages. Il poursuit sa quête en en réfutant les illusions du rêve. Il a toujours refusé d'en trier profit dans ses écrits. Il bifurque soudain et pour parler de la dimension dramatique dans le cinéma et puis dans le théâtre, deux espaces où il a beaucoup aimé s'exprimer. Il tient à ce que les acteurs - et surtout les actrices - se débarrassent des lieux communs en ce domaine. Après ces recommandations, il évoque ses relations avec Pablo Picasso, mettant en avant ce qui les distingue et ce qui les rapproche de lui. Et il commente enfin la peinture qu'il a réalisé à Martella, en Espagne. En guise de conclusion, il tient faire savoir que la nature profonde de l'art est la solitude.
Ce court texte, enchâssé dans deux poèmes, est une sorte de résumé de ses conceptions en matière de création. Bien sûr, on aurait aimé qu'il eût pu développer chacune des questions abordées et qui sont comme des bribes de sa pensée des plus intéressantes, mais qui laissent un peu sur notre faim.
 Thomas Mann, présenté par Frédéric Tristan& Louis Leibrich, L'Herne, 224 p.
Ce nouveau Cahier de L'Herne nous apporte un éclairage nouveau sur Thomas Mann (né à Lübeck en 1875 mort à Zurich en 1955), considéré comme le plus grand écrivain allemand du siècle dernier. Il a reçu le Prix Nobel en 1929. Il a commencé à écrire des nouvelles assez tôt pour des revues (en particulier Das Zwangsiste Jahrhundert, qui est dirigée par son frère Heinrich.
Il publie chez S. Fischer qui le lui avait demandé, un grand roman familial, Buddenbrooks, qui l'impose comme l'un des plus importants auteurs allemands. Il s'est d'ailleurs affirmé avec de nombreuses nouvelles qui ont frappé les imaginations à l'époque, dont Mort à Venise. Il faut cependant attendre 1924 pour que paraisse son second roman, La Montagne magique.
Jusqu'alors, il s'est inscrit dans l'esprit du roman réaliste et naturaliste, mais avec cette investigation introspective qui en dépasse les termes. Il ne s'intéresse pas à la politique pendant sa jeunesse. Plus tard, il se convertit aux idées libérales et publie Les Considérations d'un apolitique en 1918, mais qui est plus une vision d'une déchéance spirituelle du monde qu'autre chose, mais ne semble pas prendre conscience du danger que représente Adolf Hitler. L'année de sa prise de pouvoir, il voyage en France et en Suisse. Son frère et ses enfants parviennent à le convaincre de quitter l'Allemagne et de s'installer en Confédération Helvétique.
Après avoir séjourné quelques semaines en France, à Sanary-sur-Mer, il décide enfin de s'installer à Küsnacht, près de Zurich. Il est déchu de sa nationalité allemande en 1936. Il décide alors de s'engager publiquement en faveur de la démocratie (il n'a pas rejoint les conceptions de son frère qui est communiste). En 1938, il décide de partir aux Etats-Unis, passant une année à Princeton, puis à Pacific Palissades en Californie. C'est qu'il commence à écrire Le Docteur Faustus, (ce personnage lui est inspiré par Arnold Schoenberg) qu'il n'achève qu'en 1947, sans nul doute son oeuvre la plus riche et complexe, où il prend conscience d'un certain nombre de choses jusqu'alors. Entre 1943 et 1953, il écrit les quatre volumes de Joseph et ses frères. Pendant la chasse aux sorcières du maccarthysme. il est chassé des Etats-Unis en même temps que son frère. Il retrouve la nationalité allemande et obtient le prix Goethe en 1949. Son oeuvre romanesque et ses nouvelles constituent un corpus impressionnant. Et il fait ajouter ses essais, ses pièces de théâtre, son journal.
Comme d'ordinaire dans ces Cahiers, on trouve des inédits de l'auteur célébré. On découvre ses importants Appels aux Allemands, une nouvelle Le Mort, un essai sur Goethe, l'Allocution à la Sorbonne, et aussi de la correspondance. Il y a des essais d'auteurs non négligeables, comme Marguerite Yourcenar, Maurice Blanchot, son fils Klaus Mann, etc. Peut-être de réévaluer ce grand classique, qui est plus un sujet d'étude académique qu'un écrivain proche de nous.
|
Gérard-Georges Lemaire 11-09-2025 |
|
|
Verso n°136
L'artiste du mois : Marko Velk
|
Silvia Paladini, navigatrice et bibliophique de l'art.
par Gérard-Georges Lemaire
|
Elena Santoro
par Gérard-Georges Lemaire
|
Griffures : Luisa Pinesi joue
entre surface et profondeurs
par Gérard-Georges Lemaire
|
Rencontres au café Tortona avec Ariel Soule
par Gérard-Georges Lemaire
|
Le fil rouge d'Akane Kirimura
par Gérard-Georges Lemaire
|
Pierre Delcourt
en quête d'un absolu du visible
par Gérard-Georges Lemaire
|
Stefano Soddu,
entre diverses dimensions
par Gérard-Georges Lemaire
|
Une expédition picturale à Cythère
en compagnie d'olivier de Champris
par Gérard-Georges Lemaire
|
Dans l'atelier de Hans Bouman
par Gérard-Georges Lemaire
|
John Giorno : William Burroughs
tel que je l’ai connu.
par Gérard-Georges Lemaire
|
Giampiero Podestà, ou l'origine d'un monde
par Gérard-Georges Lemaire
|
[idées]
Takis: Contemporary Poet of Heaven and Earth
by Megakles Rogakos, MA MA PhD |
Sur les pas d’Adalberto Borioli
par Gérard-Georges Lemaire
|
Marilena Vita,
entre mythe et onirisme
par Gérard-Georges Lemaire
|
Le regard photographique
de Marie Maurel de Maille
par Gérard-Georges Lemaire
|
Santiago Arranz,
l'ami intime des écrivains
par Gérard-Georges Lemaire
|
[idées]
George Koumouros
"Portrait Landscapes"
Exhibition curated
by Megakles Rogakos
PRESS RELEASE |
visuelimage.com c'est aussi
|
Afin de pouvoir annoncer vos expositions en cours et à venir
dans notre agenda culturel, envoyez nous, votre programme, et tout
autre document contenant des informations sur votre actualité à : info@visuelimage.com
ou par la poste :
visuelimage.com 18, quai du Louvre 75001 Paris France
à bientôt.
La rédaction
Si vous désirez vous désinscrire de cette liste de diffusion, renvoyez simplement ce mail en précisant dans l'objet "désinscription". |
|